idi en la lande de Raoul en Normandie un tourbillon tel,
qu'il entrainoit tout ce qui lui estoit a la rencontre, enfin se haussant
en l'air, parut une colonne coulouree de rouge et de bleu, qui
l'accompagnoit et s'arresta en l'air. Cependant on voyoit des flesches et
dards qui s'eslancoyent contre ceste colonne, sans que l'on vist ceux qui
les descochoyent: et au haut du tourbillon, sur la colonne, l'on entendoit
crier des oiseaux de diverses sortes voltigeans a l'entour. Ce tourbillon
fut suivi de griefve mortalite au pays."
[Note 1: Dans ses _Antiquitez de France_.]
"Apres la consideration des nues, dit Gaffarel[1] vient celle de la pluye
en laquelle on ne peut rien lire que par la troisieme espece de lecture qui
est par hieroglyphe, et de ce genre est la pluye de sang ou de couleur
rouge tombee en Suisse l'an 1534, laquelle se formait en croix sur les
habits. Jean Pic a immortalise ce prodige par une longue suite de vers,
dont ceux-ci expriment nettement l'histoire:
[Note 1: _Curiositez inouyes_.]
Permixtam crucem rubro spectavimus olim
Nec morum discrimen erat sacer alque prophanus
Jam conspecta sibi gestabant mystica Patres
Conscripti et pueri, conscriptus sexus aterque
Et templa et vestes, a summa Caesari aula
Ad tenues vicos, ad dura mapalia ruris
Cernere erat liquido deductum ex aethere signum.
Ces gouttes d'eau ne formaient pas seulement des croix sur les vetements
mais encore sur les pierres et sur la farine, consequence assuree, dit
Gaffarel, qu'il y avait quelque chose de divin.
"La neige, la gresle et la gelee, continue le meme auteur, portent encore
quelquefois des characteres bien estranges, et dont la lecture n'est pas a
mespriser. On a souvent veu de la gresle sur laquelle on a remarque ou la
figure d'une croix, ou d'un bouclier, ou d'un coeur, ou d'un mort, et si
nous ne meprisions pas ces merveilles, nous lirions sans doute dans
l'advenir la verite de ces figures hieroglyphiques. Faict quelques ans
qu'en Languedoc, un de mes amis, se trouvant a la chasse, fut estonne par
le bruit extraordinaire du tonnerre et d'un vent fort violent; il pensa de
se mettre a l'abry, mais comme il estoit bien avant dans le bois, jugeant
qu'avant la pluie qui suit ordinairement cet orage, il ne pourrait arriver
a sa maison, il choisit la couverture d'un rocher, sous lequel apres qu'il
eust demeure l'espace d'un quart d'heure, que la malice du temps estoit
passee avec une legere pluie il
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