t renverser, et entre autres celle qui avoit
appartenu a cette vieille femme; en y creusant, on y trouva le tresor, qui
consistoit en plusieurs pieces d'or de la valeur d'un ducat, avec l'effigie
de l'empereur Justin Ier. Le grand maitre de Malthe pretendoit que le
tresor lui appartenoit comme souverain de l'isle; les chanoines le lui
contestoient. L'affaire fut portee a Rome. Le grand maitre gagna son
proces; l'or lui fut apporte de la valeur d'environ soixante mille ducats;
mais il les ceda a l'eglise cathedrale. Quelque temps apres, le chevalier
dont nous avons parle, qui etoit alors fort age, se souvint de ce qui lui
etoit arrive, et pretendit que ce tresor lui devoit appartenir: il se fit
mener sur les lieux, reconnut la cave ou il avoit d'abord ete et montra
dans les registres de l'inquisition ce qu'il y avoit ecrit soixante ans
auparavant. Cela ne lui fit point recouvrer le tresor, mais c'etait une
preuve que le demon connoissoit et gardoit cet argent."
"Voici l'extrait d'une lettre ecrite de Kirchheim, du 1er janvier 1747, a
M. Schopfflein, professeur en histoire et en eloquence a Strasbourg, et
rapportee par dom Calmet[1]:
[Note 1: Ouvrage cite, p. 282-283.]
"Il y a plus d'un an que M. Cavallari, premier musicien de mon serenissime
maitre, et Venitien de nation, avoit envie de faire creuser a
Rothenkirchen, a une lieue d'ici, qui etoit autrefois une abbaye renommee,
et qui fut ruinee du temps de la reformation. L'occasion lui en fut fournie
par une apparition que la femme du censier de Rothenkirchen avoit eue plus
d'une fois en plein midi, et surtout le 7 mai, pendant deux ans
consecutifs. Elle jure et en peut faire serment, qu'elle a vu un pretre
venerable en habits pontificaux, brodes en or, qui jetta devant lui un
grand tas de pierres, et quoiqu'elle soit lutherienne, par consequent
incredule sur ces sortes de choses-la, elle croit pourtant que si elle
avoit eu la presence d'esprit d'y mettre un mouchoir ou un tablier, toutes
les pierres seraient devenues de l'argent. M. Cavallari demanda donc
permission d'y creuser, ce qui lui fut d'autant plus facilement accorde que
le dixieme du tresor est du au souverain. On le traita de visionnaire, et
on regarda l'affaire des tresors comme une chose inouie. Cependant il se
moqua du _qu'en dira-t-on_, et me demanda si je voulois etre de moitie avec
lui; je n'ai pas hesite un moment d'accepter cette proposition, mais j'ai
ete bien surpris d'y trouver de petits po
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