t-elle ses acces plus
forts en un temps qu'en l'autre, tellement que son repos duroit peu a
raison des continuelles douleurs qui la tourmentoyent: tellement qu'elle
estoit contrainte de se tenir toute courbee sur un baston. Et ce qui plus
augmentoit son angoisse et diminuoit son allegement, estoit que
veritablement, elle croyoit que le cousteau fut en son corps et qu'en cela
chacun lui contredisoit opiniatrement, et lui proposoit l'impossibilite,
jugeant qu'elle avoit la phantasie troublee, attendu que rien
n'apparaissoit qui peust les induire a tel avis, sans que ses continuelles
larmes et plaintes, esquelles on la vit continuer pendant l'espace de
quelques mois et jusques a ce qu'il apparut au coste gauche un peu
au-dessus de la ratelle, entre les deux dernieres costes que nous nommons
fausses, une tumeur de la grosseur d'un oeuf, en forme de croissant,
laquelle accreut et diminua, selon que l'enfleure apparut et print fin.
Alors ceste pauvre malade leur dit: Jusques a present vous n'avez voulu
croire que le cousteau fut en mon corps, mais vous verrez bientot comme il
est cache en mon coste. Ainsi le trentieme de juin, a scavoir environ
treize mois accomplis de cette affliction, sortit si grande abondance de
boue hors de l'ulcere, qui s'estoit fait en ce coste, que l'enflure vint a
diminuer, et lors parut la pointe du couteau que la fille desiroit
arracher: toutes fois elle en fut empeschee par ses parens, lesquels
envoyerent chercher le chirurgien du duc Henri, qui pour lors estoit au
chasteau de Wolfbutel. Ce chirurgien venu le quatriesme jour de juillet,
pria le cure de consoler, instruire et accourager la fille, et de prendre
garde aussi a ses reponses, pour autant que chacun la reputoit demoniaque.
Elle condescendit a estre gouvernee par le chirurgien, non sans opinion que
la mort soudaine s'en ensuivroit. Le chirurgien, voyant la pointe du
cousteau qui se monstroit sous les costes le tint avec ses instruments et
le trouva semblable a l'autre, qui estoit reste dans la gaine, et fort use
environ le milieu du tranchant. Depuis l'ulcere fut gueri par le
chirurgien."
[Note 1: _Thresor des histoires admirables_, t. I, p. 155.]
Melanchthon[1] cite par Goulart[2] rapporte "qu'il y avoit une fille au
marquisat de Brandebourg, laquelle en arrachant des poils du vestement de
quelque personnage que ce fust, ces poils estoyent incontinent changez en
pieces de monnoye du pays, lesquelles ceste fille maschoit avec un hor
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