ublie
de lui donner sa nourriture."
"En plusieurs lieux, les servants s'appellent _droles_, mot qui est la
corruption de _troll_. Les trolls sont, dans certaines legendes, de
veritables genies domestiques. Dans le Perche, on trouve des croyances
analogues; des servants prennent soin des animaux et promenent quelquefois
d'une main _invisible_ l'etrille sur la croupe du cheval[1]. Dans la
Vendee, moins complaisants, ils s'amusent seulement a leur tirer les
crins[2]. Cependant, en general, les soins de tous ces etres singuliers ne
sont qu'a moitie desinteresses, ils se contentent de peu, mais neanmoins
ils veulent etre payes de leur peine[3].
[Note 1: Fret, _Chroniques percheronnes_, tome I, p. 67. L'auteur
du _Petit Albert_, rapporte l'histoire d'un de ces invisibles
palefreniers qui, dans un chateau, etrillait les chevaux depuis six
ans.]
[Note 2: A. de la Villegille, _Notice sur Chavagne en Paillers_, p.
30. _Mem. des antiq. de France_, nouv. serie, tome VI.]
[Note 3: Suivant Shakspeare (_Midsummer night's dream_, Acte. II,)
Robin Good Fellow est charge de balayer la maison a minuit, de
moudre la moutarde; mais si l'on n'a pas soin de laisser pour lui
une tasse de creme et de lait caille, le lendemain le potage est
brule, le feu ne peut pas prendre.]
Don Calmet[1] raconte certains faits singuliers qu'il rapporte aux follets:
[Note 1: _Traite sur les apparitions des esprits_, t. I, p. 246.]
"Pline[1] le Jeune avoit un affranchi, nomme Marc, homme lettre, qui
couchoit dans un meme lit avec son frere plus jeune que lui. Il lui sembla
voir une personne assise sur le meme lit, qui lui coupoit les cheveux du
haut de la tete; a son reveil il se trouva rase, et ses cheveux jetes par
terre au milieu de la chambre. Peu de temps apres, la meme chose arriva a
un jeune garcon qui dormoit avec plusieurs autres dans une pension:
celui-ci vit entrer par la fenetre deux hommes vetus de blanc, qui lui
couperent les cheveux comme il dormoit, puis sortirent de meme par la
fenetre; a son reveil, il trouva ses cheveux repandus sur le plancher. A
quoi attribuer tout cela, sinon a un follet?
[Note 1: Plin. l. VII. Epist. 27 et suiv.]
"Tritheme dans sa chronique d'Hirsauge[1], sous l'an 1130, raconte qu'au
diocese d'Hildesheim en Saxe, on vit assez longtemps un esprit qu'ils
appeloient en allemand _Heidekind_, comme qui diroit _genie champetre:
Heide_ signifie vaste campagne
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