coustume de trainer les images et crucifix en la
riviere pour avoir de la pluye se pratique en Gascongne, et l'ay veu
(dit-il) faire a Thoulouse en plein jour par les petits enfans devant tout
le peuple, qui appellent cela la tire-masse. Et se trouva quelqu'un qui
jetta toutes les images dedans les puits du salin l'an 1557. Lors la pluye
tomba en abondance. C'est une signalee meschancete qu'on passe par
souffrance et une doctrine de quelques sorciers de ce pais la qui ont
enseigne ceste impiete au pauvre peuple."
[Note 1: _Demonomanie_, liv. II, ch. VIII.]
Jovianus Pontanus[1] parlant des superstitions damnables de quelques
Napolitains qui adjoustoyent foi aux sorciers, dict ces mots: "Aucuns des
habitans et assiegez dans la ville de Suesse, sortirent de nuict et
tromperent les corps de garde, puis traverserent les plus rudes montagnes,
et gaignerent finalement le bord de la mer. Ils portoyent quand et eux un
crucifix, contre lequel ils prononcerent un certain charme execrable, puis
se jetterent dedans la mer, prians que la tempeste troublast ciel et terre.
Au mesme temps, quelques prestres de la mesme ville, desireux de
s'accommoder aux sorcelleries des soldats en inventerent une autre,
esperant attirer la pluye par tel moyen. Ils apporterent un asne aux portes
de leur eglise, et lui chanterent un requiem, comme a quelque personne qui
eust rendu l'ame. Apres cela, ils lui fourrerent en la gueule une hostie
consacree, et apres avoir fait maint service autour de cet asne, finalement
l'enterrerent tout vif aux portes de leur dite eglise. A peine avoyent-ils
acheve leur sorcellerie, que l'air commenca a se troubler, la mer a estre
agitee, le plein jour a s'obscurcir, le ciel a s'eclairer, le tonnerre a
esbranler tout: le tourbillon des vents arrachoit les arbres et remplissoit
l'air de cailloux et d'esclats volans des rochers: une telle ravine d'eaux
survint, et de la pluye en si grande abondance que non seulement les
cisternes de Suesse furent remplies, mais aussi les monts et rochers fendus
de chaleur servoyent lors de canal aux torrens. Le roy de Naples qui
n'esperoit prendre la ville que par faute d'eau, se voyant ainsi frustre
leva le siege et s'en revint trouver son armee a Savonne."
[Note 1: Au Ve livre des _Histoires de son temps_, cite par
Goulart, _Thresor des histoires admirables_, t. II, p. 1031.]
"Les proces des sorciers et sorcieres, dit Goulart[1], faisans esmouvoir
par leurs sorcelleries d
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