fut du tout guerie, fors sa foiblesse, et la guenon
mourut en douleurs extremes."
Suivant Bodin[1], "Hippocrates, au livre _de l'Epilepsie_, qu'il appelle
maladie sacree, escrit qu'il y avoit plusieurs imposteurs qui se vantoyent
de guerir du mal caduc, disant que c'estoit la puissance des demons: en
fouissant en terre, ou jettant en la mer le sort d'expiation, et la plupart
n'estoit que belistres. Enfin il adjouste, il n'y a que Dieu qui efface les
pechers, qui soit notre salut et delivrance. Et a ce propos Jacques
Spranger, inquisiteur des sorciers, escrit qu'il a veu un evesque
d'Alemagne, lequel estant ensorcelle fut averti par une vieille sorciere
que sa maladie estoit venue par malice, et qu'il n'y avoit moyen de la
guerir que par sort, en faisant mourir la sorciere qui l'avoit ensorcele.
De quoy estant estonne, il envoye en poste a Rome prier le pape Nicolas V
qu'il lui donnast dispense de guerir en ceste sorte: ce que le pape lui
accorda, aimant uniquement l'evesque; et portoit la dispense ceste clause,
pour fuir de deux maux le plus grand. La dispense venue, la sorciere dit,
puisque le pape et l'evesque le vouloyent, qu'elle s'y employeroit. Sur la
minuict l'evesque recouvra sante; et au mesme instant la sorciere qui avoit
ensorcelle l'evesque fut frappee de maladie dont elle mourut. Aussi void-on
que Satan fit que le pape, l'evesque et la sorciere furent homicides: et
laissa a tous trois une impression de servir et obeir a ses commandemens:
et cependant la sorciere qui mourut ne voulut oncques se repentir, au
contraire elle se recommandoit a Satan afin qu'il la guerist. On voit aussi
le terrible jugement de Dieu qui se venge de ses ennemis par ses ennemis.
Car ordinairement les sorciers descouvrent le malefice, et se font mourir
les uns les autres: d'autant qu'il ne chaut a Satan par quel moyen, pourveu
qu'il vienne a bout du genre humain, en tuant le corps ou l'ame, ou les
deux ensemble. Je diray un exemple avenu en Poictou, l'an 1571. Le roy
Charles IX ayant disne commanda qu'on lui amenast le sorcier
Trois-Eschelles, auquel il avoit donne sa grace pour accuser ses complices.
Il confessa devant le roy, enpresence de plusieurs grands seigneurs, la
facon du transport des sorciers, des danses, des sacifices faits a Satan,
des paillardises avec les diables en figures d'hommes et de femmes: et que
chacun prenoit des pouldres pour faire mourir gens, bestes et fruits. Et
comme chacun s'estonnoit de ce qu'il disoit,
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