entrailles le meme bruit que
font les poules, les coqs, les canards, les moutons, les boeufs, les
chiens, les cochons et les chevaux, de facon qu'on aurait pu la prendre
pour une basse-cour ambulante.
Une sorciere avait rendu un macon impotent et tellement courbe, qu'il avait
presque la tete entre les jambes. Il accusa la sorciere du malefice qu'il
eprouvait; on l'arreta, et le juge lui dit qu'elle ne se sauverait qu'en
guerissant le macon. Elle se fit apporter par sa fille un petit paquet de
sa maison, et, apres avoir adore le diable, la face en terre, en marmottant
quelques charmes, elle donna le paquet au macon, lui commanda de se baigner
et de le mettre dans son bain, en disant: _Va de par le diable_! Le macon
le fit, et guerit. Avant de mettre le paquet dans le bain, on voulut savoir
ce qu'il contenait: on y trouva trois petits lezards vifs; et quand le
macon fut dans le bain, il sentit sous lui comme trois grosses carpes,
qu'on chercha un moment apres sans rien trouver[1].
[Note 1: Bodin, _Demonomanie_.]
Les sorciers mettent parfois le diable dans des noix, et les donnent aux
petits enfants, qui deviennent maleficies. Un de nos demonographes (c'est,
je pense, Boguet) rapporte que, dans je ne sais quelle ville, un sorcier
avait mis sur le parapet d'un pont une pomme maleficiee, pour un de ses
ennemis, qui etait gourmand de tout ce qu'il pouvait trouver sans desserrer
la bourse. Heureusement le sorcier fut apercu par des gens experimentes,
qui defendirent prudemment a qui que ce fut d'oser porter la main a la
pomme, sous peine d'avaler le diable. Il fallait pourtant l'oter, a moins
qu'on ne voulut lui donner des gardes. On fut longtemps a deliberer, sans
trouver aucun moyen de s'en defaire; enfin il se presenta un champion qui,
muni d'une perche, s'avanca a une distance de la pomme et la poussa dans la
riviere, ou etant tombee, on en vit sortir plusieurs petits diables en
forme de poissons. Les spectateurs prirent des pierres et les jeterent a la
tete de ces petits demons, qui ne se montrerent plus...
Boguet conte encore qu'une jeune fille ensorcelee rendit de petits lezards,
lesquels s'envolerent par un trou qui se fit au plancher.
"Il faut bien prendre garde, dit Bodin[1], a la distinction des sortileges,
pour juger l'enormite d'entre les sorciers qui ont convention expresse avec
le diable et ceux qui usent de ligatures et autres arts de sortileges. Car
il y en a qui ne se peuvent oster ni punir par le
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