re le voleur ou
la sorciere; on ecrit son nom dans un cercle; on plante sur ce nom un clou
d'airain, de forme triangulaire, qu'il faut enfoncer avec un marteau dont
le manche soit en bois de cypres, et on dit quelques paroles prescrites
rigoureusement a cet effet[1]. Alors le voleur se trahit par un grand cri.
[Note 1: _Justus es Domine, et justa sunt judicia tua_.]
S'il s'agit d'une sorciere, et qu'on veuille seulement oter le malefice
pour le rejeter sur celle qui l'a jete, on prend, le samedi, avant le lever
du soleil, une branche de coudrier d'une annee, et on dit l'oraison
suivante: "Je te coupe, rameau de cette annee, au nom de celui que je veux
blesser comme je te blesse." On met la branche sur la table, en repetant
trois fois une certaine priere[1] qui se termine par ces mots: Que le
sorcier ou la sorciere soit anatheme, et nous saufs[2]!
[Note 1: Comme la premiere, c'est une inconvenance. On ajoute aux
paroles saintes du signe de la croix: Droch, Mirroch, Esenaroth,
Betubaroch, Assmaaroth, qu'on entremele de signes de croix.]
[Note 2: Wierus, _De Praestig. daem._, lib. V, cap. V.]
Bodin et de Lancre content[1] qu'en 1536, a Casal, en Piemont, on remarqua
qu'une sorciere, nommee Androgina, entrait dans les maisons, et que bientot
apres on y mourait. Elle fut prise et livree aux juges; elle confessa que
quarante sorcieres, ses compagnes avaient compose avec elle le malefice.
C'etait un onguent avec lequel elles allaient graisser les loquets des
portes; ceux qui touchaient ces loquets mouraient en peu de jours.
[Note 1: _Demonomanie_, liv. IV, ch. IV. _Tableau de l'inconstance,
etc._, liv. II, disc. IV.]
"La meme chose advint a Geneve en 1563, ajoute de Lancre, si bien qu'elles
y mirent la peste, qui dura plus de sept ans. Cent soixante-dix sorcieres
furent executees a Rome pour cas semblable sous le consulat de Claudius
Marcellus et de Valerius Flaccus: mais la sorcellerie n'etant pas encore
bien reconnue, on les prenait simplement alors pour des empoisonneuses..."
On remarquait, dit-on, au dix-septieme siecle, dans la foret de Bondi, deux
vieux chenes que l'on disait enchantes. Dans le creux de l'un de ces chenes
on voyait toujours une petite chienne d'une eblouissante blancheur. Elle
paraissait endormie, et ne s'eveillait que lorsqu'un passant s'approchait;
mais elle etait si agile, que personne ne pouvait la saisir. Si on voulait
la surprendre, elle s'eloignait de quel
|