ut mache avec les dents; les arbres etaient teints de
sang; les feuilles noircies; l'herbe dessechee; le sol couvert de lambeaux;
le bucheron reconnut les debris des vetements de ses deux fils, qui ne
reparurent pas. Il rentra chez lui epouvante. On visita ces lieux
redoutables. On y verifia toutes les traces du sabbat; on y revit la
chienne blanche insaisissable. On purifia la place; on abattit les deux
chenes, a la place desquels on planta deux croix, qui se voyaient encore il
y a peu de temps; et, depuis, cette partie de la foret cessa d'etre
infestee par les demons[1].
[Note 1: _Infernaliana_, p. 152.]
Ce que les sorciers appellent _main de gloire_ est la main d'un pendu,
qu'on prepare de la sorte: On la met dans un morceau de drap mortuaire, en
la pressant bien, pour lui faire rendre le peu de sang qui pourrait y etre
reste; puis on la met dans un vase de terre, avec du sel, du salpetre, du
zimax et du poivre long, le tout bien pulverise. On la laisse dans ce pot
l'espace de quinze jours; apres quoi on l'expose au grand soleil de la
canicule, jusqu'a ce qu'elle soit completement dessechee; si le soleil ne
suffit pas, on la met dans un four chauffe de fougere et de verveine. On
compose ensuite une espece de chandelle avec de la graisse de pendu, de la
cire vierge et du sesame de Laponie; et on se sert de la main de gloire
comme d'un chandelier, pour tenir cette merveilleuse chandelle allumee.
Dans tous les lieux ou l'on va avec ce funeste instrument, ceux qui y sont
demeurent immobiles, et ne peuvent non plus remuer que s'ils etaient morts.
Il y a diverses manieres de se servir de la main de gloire; les scelerats
les connaissent bien; mais, depuis qu'on ne pend plus chez nous, ce doit
etre chose rare.
Deux magiciens, etant venus loger dans un cabaret pour y voler, demanderent
a passer la nuit aupres du feu, ce qu'ils obtinrent. Lorsque tout le monde
fut couche, la servante, qui se defiait de la mine des deux voyageurs, alla
regarder par un trou de la porte pour voir ce qu'ils faisaient. Elle vit
qu'ils tiraient d'un sac la main d'un corps mort, qu'ils en oignaient les
doigts de je ne sais quel onguent, et les allumaient, a l'exception d'un
seul qu'ils ne purent allumer, quelques efforts qu'ils fissent, et cela
parce que, comme elle le comprit, il n'y avait qu'elle des gens de la
maison qui ne dormit point; car les autres doigts etaient allumes pour
plonger dans le plus profond sommeil ceux qui etaient deja e
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