nt dans leur sein.
En Allemagne, quand une sorciere avait rendu un homme ou un cheval impotent
et maleficie, on prenait les boyaux d'un autre homme ou d'un cheval mort,
on les trainait jusqu'a quelque logis, sans entrer par la porte commune,
mais par le soupirail de la cave, ou par-dessous terre, et on y brulait ces
intestins. Alors la sorciere qui avait jete le malefice sentait dans les
entrailles une violente douleur, et s'en allait droit a la maison ou l'on
brulait les intestins pour y prendre un charbon ardent, ce qui faisait
cesser le mal. Si on ne lui ouvrait promptement la porte, la maison se
remplissait de tenebres avec un tonnerre effroyable, et ceux qui etaient
dedans etaient contraints d'ouvrir pour conserver leur vie[1]. Les
sorciers, en otant un sort ou malefice, sont obliges de le donner a quelque
chose de plus considerable que l'etre ou l'objet a qui ils l'otent: sinon,
le malefice retombe sur eux. Mais un sorcier ne peut oter un malefice s'il
est entre les mains de la justice: il faut pour cela qu'il soit pleinement
libre.
[Note l: Bodin, _Demonomanie_.]
On a regarde souvent les epidemies comme des malefices. Les sorciers,
disait-on, mettent quelquefois, sous le seuil de la bergerie ou de l'etable
qu'ils veulent ruiner, une touffe de cheveux, ou un crapaud, avec trois
maudissons, pour faire mourir etiques les moutons et les bestiaux qui
passent dessus: on n'arrete le mal qu'en otant le malefice. De Lancre dit
qu'un boulanger de Limoges, voulant faire du pain blanc suivant sa coutume,
sa pate fut tellement charmee et maleficiee par une sorciere qu'il fit du
pain noir, insipide et infect.
Une magicienne ou sorciere, pour gagner le coeur d'un jeune homme marie,
mit sous son lit, dans un pot bien bouche, un crapaud qui avait les yeux
fermes; le jeune homme quitta sa femme et ses enfants pour s'attacher a la
sorciere; mais la femme trouva le malefice, le fit bruler, et son mari
revint a elle[1].
[Note 1: Delrio, _Disquisitions magiques_.]
Un pauvre jeune homme ayant quitte ses sabots pour monter a une echelle,
une sorciere y mit quelque poison sans qu'il s'en apercut, et le jeune
homme, en descendant, s'etant donne une entorse, fut boiteux toute sa
vie[1].
[Note 1: De Lancre, _De l'inconstance, etc._]
Une femme ensorcelee devint si grasse, dit Delrio, que c'etait une boule
dont on ne voyait plus le visage, ce qui ne laissait pas d'etre
considerable. De plus, on entendait dans ses
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