scavoir l'yssue de son estat, fit venir un prestre necromantien et
enchanteur, lequel dit la messe, et apres avoir consacre l'hostie, trancha
la teste a un jeune enfant de dix ans, premier ne, qui estoit prepare pour
cest effet, et fit mettre sa teste sur l'hostie, puis disant certaines
paroles, et usant de caracteres qu'il n'est besoin scavoir, demanda ce
qu'il vouloit. La teste ne respondit que ces deux mots: _Vim patior_ en
latin: c'est a dire j'endure violence. Et aussitost le roy entra en furie,
criant sans fin: Ostez-moi ceste teste, et mourut ainsi enrage. Depuis que
ces choses furent escrites, j'ay demande audit sieur de Dax si ce que Bodin
avoit escrit de luy estoit vray, lequel m'asseura qu'ouy, mais quel roy
c'estoit, il ne le me voulut jamais dire."
[Note 1: _Les diverses lecons de Loys Guyon_, t. I, p. 735.]
P. Leloyer[1] rappelle encore l'histoire d'une autre tete qui parla apres
la separation du corps, dont Pline fait mention. "En la guerre de Sicile
entre Octave Cesar qui depuis fut surnomme Auguste et Sextus Pompeius fils
de Pompee le Grand, y eut, dit-il, un des gens d'Octave appele Gabinius qui
fut prins des ennemis, et eut la teste coupee par le commandement de Sextus
Pompeius, de sorte qu'elle ne tenoit plus qu'un petit a la peau. Il est ouey
sur le soir qu'il se plaignoit et desiroit parler a quelqu'un. Aussitost
une grande multitude s'assemble autour du corps; il prie ceux qui estoient
venus de faire parler a Pompee et qu'il estoit venu des enfers pour luy
dire chose qui luy importoit. Cela est rapporte a Pompee, il n'y veut aller
et y envoye quelqu'un de ses familiers, ausquels Gabinius dit que les dieux
d'en bas recevoient les justes complaintes de Pompee et qu'il auroit toute
telle issue qu'il souhaitoit. En signe de verite, il dit qu'il devoit
aussitost retomber mort qu'il auroit accomply son message. Cela advint et
Gabinius tomba a l'heure tout mort comme devant." Il faut, du reste, noter
que la prediction de Gabinius ne se realisa pas.
[Note 1: _Discours et histoires des spectres_, p. 259.]
L. Du Vair[1] raconte que les Biarmes, peuples septentrionaux fort voisins
du pole arctique, estans un jour tout prets de combattre contre un tres
puissant roy nomme Regner commencerent a s'adresser au ciel avec beaux
carmes enchantez et firent tant qu'ils solliciterent les nues a les
secourir, et les contraignirent jusqu'a verser une grande violence et
quantite de pluie qu'ils firent venir
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