les[1]. Des les premiers
siecles de l'Eglise, les Peres et les conciles defendirent ces pratiques du
paganisme. Ils representerent les amulettes comme un reste idolatre de la
confiance qu'on avait aux pretendus genies gouverneurs du monde. Le cure
Thiers[2] a rapporte un grand nombre de passage des Peres a ce sujet, et
les canons de plusieurs conciles.
[Note 1: Bergier, _Dictionnaire theologique_.]
[Note 2: _Traite des superstitions_, liv. V, ch. 1.]
Les lois humaines condamnerent aussi l'usage des amulettes. L'empereur
Constance defendit d'employer les amulettes et les charmes a la guerison
des maladies. Cette loi, rapportee par Ammien Marcellin, fut executee si
severement, que Valentinien fit punir de mort une vieille femme qui otait
la fievre avec des paroles charmees, et qu'il fit couper la tete a un jeune
homme qui touchait un certain morceau de marbre en prononcant sept lettres
de l'alphabet pour guerir le mal d'estomac[1].
[Note 1: Voyez Ammien-Marcellin, lib. XVI, XIX, XXIX, et le P.
Lebrun, liv. III, ch. 2.]
Mais comme il fallait des preservatifs aux esprits fourvoyes, qui forment
toujours le plus grand nombre, on trouva moyen d'eluder la loi. On fit des
talismans et des amulettes avec des morceaux de papier charges de versets
de l'Ecriture sainte. Les lois se montrerent moins rigides contre cette
singuliere coutume, et on laissa aux pretres le soin d'en moderer les abus.
Les Grecs modernes, lorsqu'ils sont malades, ecrivent le nom de leur
infirmite sur un morceau de papier de forme triangulaire qu'ils attachent a
la porte de leur chambre. Ils ont grande foi a cette amulette.
Quelques personnes portent sur elles le commencement de l'Evangile de saint
Jean comme un preservatif contre le tonnerre; et ce qui est assez
particulier, c'est que les Turcs ont confiance a cette meme amulette, si
l'on en croit Pierre Leloyer.
Une autre question est de savoir si c'est une superstition de porter sur
soi les reliques des saints, une croix, une image, une chose benite par les
prieres de l'Eglise, un _Agnus Dei_, etc., et si l'on doit mettre ces
choses au rang des amulettes, comme le pretendent les protestants.--Nous
reconnaissons que si l'on attribue a ces choses la vertu surnaturelle de
preserver d'accidents, de mort subite, de mort dans l'etat de peche, etc.,
c'est une superstition. Elle n'est pas du meme genre que celle des
amulettes, dont le pretendu pouvoir ne peut pas se rapporter a Dieu;
|