periale cela se fait souvent. Elle n'en vouloit rien
faire: on la contraignit; elle s'escria: Je suis morte! Ayant touche la
femme ensorcellee, soudain elle guerit; et la sorciere tomba roide morte
par terre. Elle fut condamnee d'estre bruslee toute morte. Je tiens
l'histoire de l'un des juges qui assista au jugement."
"J'ai aprins a Thoulouse, qu'un escholier du parlement de Bourdeaux voyant
son ami travaille d'une fievre quarte a l'extremite, lui conseilla de
donner sa fievre a l'un de ses ennemis. Il fit reponse qu'il n'avoit point
d'ennemis. Donnez-la donc, dit-il, a vostre serviteur: de quoy le malade
ayant fait conscience, enfin le sorcier lui dit: Donnez-la-moi. Le malade
respond: Je le veux bien. La fievre empoigne le sorcier qui en mourut, et
le malade reschappa."
"C'est aux juges qui commandent, reprend Goulart, d'apres Vigenere, et a
ceux qui permettent aux sorciers de toucher les personnes ensorcellees, de
penser a leurs consciences. Dieu seul guerit, Satan frappe par les
sorciers, Dieu le permettant ainsi. Mais Satan ni ses instrumens ne
guerissent point: ains par le courroux redoutable du juste juge, levant le
baston de dessus un pour charger sur l'autre, soit au corps, soit a l'ame,
comme ces exemples le monstrent. Et ainsi font tousjours mal. Comme aussi
Bodin adjouste proprement que les sorciers a l'aide de Satan (auquel ils
servent d'instrumens volontaires, et qui ont leur mouvement procedant d'une
affection depravee) peuvent nuire et offenser non pas tous, mais seulement
ceux que Dieu permet par son jugement secret (soyent bons ou mauvais) pour
chastier les uns et esprouver les autres; afin de multiplier en ses esleus
sa benediction les ayant trouvez (c'est-a-dire rendus par sa grace tout
puissante) fermes et constans. Neantmoins (dit-il) pour monstrer que les
sorciers, par leurs maudites execrations et sacrifices detestables, sont
ministres de la vengeance de Dieu, prestans la main et la volonte a Satan,
je reciteray une histoire estrange. Au duche de Cleves, pres du bourg
d'Elten, sur le grand chemin, les gens de pied et de cheval estoyent
frappez et battus, et les charettes versees: et ne se voyoit autre chose
qu'une main qu'on appeloit Ekerken. Enfin l'on print une sorciere nommee
Sybille Dinscops, qui demeuroit es environs de ce pays-la. Et depuis
qu'elle fut bruslee on n'y a rien veu. Ce fut l'an 1535."
"Pres le village de Baron en Valois fut jette un bouquet au passage d'un
escallier pour e
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