gent; car autrement (comme il disoit) il n'eust pas gueri. Aussi
estoit-il habille d'une vieille saye composee de mille pieces. Un jour
ayant donne le sort au cheval d'un gentilhomme, on vint a lui. Il guerit le
cheval et donna le sort au palefrenier. On retourne afin qu'il guerist
l'homme. Il respond qu'on demandast au gentilhomme lequel il aimoit mieux
perdre, son homme ou son cheval. Tandis que le gentilhomme fait de
l'empesche et qu'il delibere, son homme mourut, et le sorcier fut pris. Il
fait a noter que le diable veut toujours gaigner au change, tellement que
si le sorcier oste le sort a un cheval, il le donnera a un autre cheval qui
vaudra mieux. S'il guerit une femme, la maladie tombera sur un homme. S'il
dessorcelle un vieillard, il ensorcellera un jeune garcon. Et si le sorcier
ne donne le sort a un autre il est en danger de sa vie. Brief si le diable
guerit (en apparence) le corps, il tue l'ame."
[Note 1: _Thresor des histoires admirables_, t. II, p. 826.]
[Note 2: Annotation sur la statue d'Esculape, au 2e volume de
_Philostrate_.]
"J'en reciteray quelques exemples, dit Bodin[1]: M. Fournier, conseiller
d'Orleans, m'a raconte d'un nomme Hulin Petit, marchand de bois en ceste
ville-la, qu'estant ensorcelle a la mort, il envoya querir un qui se disoit
guerir de toutes maladies (suspect toutes fois d'estre grand sorcier), pour
le guerir: lequel fit response qu'il ne pouvoit le guerir s'il ne donnoit
la maladie a son fils, qui estoit encores a la mammelle. Le (malheureux)
pere consentit au parricide de son fils; qui fait bien a noter pour
conoistre la malice de Satan, et la juste fureur du Souverain sur les
personnes qui recourent a cest esprit homicide et a ses instrumens. La
nourrisse entendant cela s'enfuit avec son fils, pendant que le sorcier
touchoit le pere pour le guerir. Apres l'avoir touche, le pere se trouva
gueri. Mais le sorcier demandant le fils, et ne le trouvant point, commence
a crier: Je suis mort! ou est l'enfant? Ne l'ayant point trouve, il s'en
alla; mais il n'eut pas mis les pieds hors la porte que le diable le tua
soudain. Il devint aussi noir que si on l'eust noirci de propos delibere."
[Note 1: Demonomanie, liv. III, ch. II.]
"J'ay sceu aussi qu'au jugement d'une sorciere, accusee d'avoir ensorcelle
sa voisine en la ville de Nantes, les juges lui commanderent de toucher
celle qui estoit ensorcellee; chose ordinaire aux juges d'Alemagne, et
mesmes en la chambre im
|