ce malheur. Elle avoit
souvent este tracassee de ces folles apparitions en son lict, dont ses
risees faisoient la preuve quoiqu'elle essayat parfois d'y remedier mais en
vain. Car ainsi qu'une siene compagne gisoit en une couchette tout expres
pour la deffendre de ceste apparition, la pauvrette eut frayeur, entendant
le bruit qui se faisoit au lict de Gertrude, de laquelle le diable print
finalement possession, et commenca de l'affliger par plusieurs sortes de
contorsions... Le commencement de toute cette calamite procedoit de
quelques jeunes gens desbauchez, qui ayant prins accointance par un jeu de
paulme proche de la, avec une ou deux de ces nonnains, estoyent depuis
montez sur les murailles pour jouyr de leurs amours."
[Note 1: _Thresor des histoires admirables_, t. I, p. 153.]
"Les tourmens que les diables firent a quelques nonnains enfermees a Wertet
en la comte de Horne, sont esmerveillables. Le commencement vint (a ce
qu'on dit) d'une pauvre femme, laquelle durant le caresme emprunta des
nonnains une quarte de sel pesant environ trois livres, et en rendit deux
fois autant, un peu devant Pasques. Des lors elles commencerent a trouver
dedans leur dortoir des petites boules blanches semblables a de la dragee
de sucre, salees au goust, dont toutefois on ne mangea point, et ne
scavoit-on d'ou elles venoient. Peu de temps apres elles s'apperceurent de
quelque chose qui sembloit se plaindre comme feroit un homme malade; elles
entendirent aussi une fois admonnestant quelques nonnains de se lever et
venir a l'aide d'une de leurs soeurs malade: mais elles ne trouverent rien,
y estant courues. Si quelques fois elles vouloient uriner en leur pot de
chambre, il leur estoit soudainement oste tellement qu'elles gastoyent leur
lict. Par fois elles en estoyent tirees par les pieds, trainees assez loin
et tellement chatouillees par les plantes, qu'elles en pasmoyent de rire.
On arrachoit une partie de la chair a quelques-unes, aux autres on
retournoit s'en devant derriere les jambes, les bras et la face.
Quelques-unes ainsi tourmentees vomissoyent grande quantite de liqueur
noire, comme ancre, quoi que auparavant elles n'eussent mange six sepmaines
durant que du jus de raiforts, sans pain. Ceste liqueur estoit si amere et
poignante qu'elle leur eslevoit la premiere peau de la bouche, et ne
scavoit-on leur faire sauce quelconque qui peust les mettre en appetit de
prendre autre chose. Aucunes estoient eslevees en l'air a la ha
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