fois, ainsi qu'il l'avoit entendu prescher publiquement."
"Or comme une fois il s'efforcoit de taster impudiquement une chambriere de
cuisine, et qu'elle le tancast par son nom, il respondit d'une voix
enrouee, qu'il ne se nommoit pas Guillaume mais Beelzebub: a quoi la
maistresse respondit: Pense tu donc que nous te craignons? Celui auquel
nous nous fions, est infiniment plus fort et plus puissant que tu n'es.
Alors Clath lut l'onziesme chapitre de St-Luc ou il est fait mention du
diable muet jete dehors par la puissance de nostre Sauveur, et aussi de
Beelzebub, prince des diables. A la parfin Guillaume commence a reposer, et
dort jusques au matin, comme un homme esvanoui: puis ayant pris un bouillon
et se sentant du tout allege, il fut ramene chez ses parents apres avoir
remercie ses maistres et sa maistresse, et prie Dieu qu'il voulust les
recompenser pour les ennuis qu'ils avoyent receus de ceste affliction.
Depuis il se maria, eut des enfants, et ne se sentit plus de tourment du
diable."
"L'an 1566, le dix-huictiesme jour de mars, avint en la ville d'Amsterdam
en Hollande un cas memorable, duquel M. Adrian Nicolas, chancelier de
Gueldres, fit un discours public contenant ce qui s'ensuit: Il y a deux
mois ou environ (dit-il), qu'en ceste ville trente enfans commencerent a
estre tourmentes d'une facon estrange, comme s'ils eussent este maniaques
ou furieux. Par intervalles, ils se jettoyent contre terre et ce tourment
duroit demi-heure ou une heure au plus. S'estant relevez debout, ils ne se
souvenoyent d'aucun mal ni de chose quelconque facte lors, ains pensoyent
avoir dormi. Les medecins, ausquels on recourut, n'y firent rien... Les
sorciers ne firent pas davantage, les exorcistes perdirent aussi leur
temps. Durant les exorcismes les enfants vomirent force aiguilles, des
epingles, des doigtiers a couldre, des lopins de drap, des pieces de pots
cassez, du verre, des cheveux et telles autres choses: pour cela toutesfois
les enfans ne furent gueris, ains retomberent en ce mal de fois a autre, au
grand estonnement de chacun pour la nouveaute d'un si estrange spectacle."
"Jean Laugius, tres docte medecin, escrit au premier livre de ses
_Espitres_ estre avenu l'an 1539 a Fugenstal, village de l'evesche
d'Eysteten ce qui s'ensuit, verifie par grand nombre de tesmoins. Ulric
Neusesser, laboureur demeurant en ce village, estoit miserablement
tourmente d'une douleur de flancs. Un jour le chyrurgien ayant fait quelque
in
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