d'hier, et peut-etre de
demain, contre l'ennemi de toujours?
Les interets de cet associe de circonstance sont-ils, d'autre part,
assez puissants pour le determiner a une communaute de raison,--non du
sentiment,--sans aucune garantie de notre part contre les revendications
qui nous tiennent au coeur?
Ce syndicat, dont la gestion serait, je suppose, confiee tout d'abord a
la Russie, en vue de reduire les froissements au minimum, disposerait-il
de moyens assez puissants pour trancher au profit commun le grand
partage mondial, on mettant l'adversaire dans l'impossibilite de se
tailler la part du lion britannique, et assez continus pour assurer a
chacun la jouissance pacifique des possessions equitablement reparties?
Quels seront ses moyens d'action? Sur quels points devront-ils agir?
et dans quelle forme? Sera-ce, comme il est desirable, dans un debat
correct autour d'un tapis vert, sans qu'on en soit reduit a descendre
sur le pre, et fera-t-on enfin cesser le bruit assourdissant des coups
de canon de l'Afrique du Sud pour permettre aux interesses europeens
d'echanger des observations dans ces formes courtoises que sont toujours
enclins a observer entre eux des hommes armes jusqu'aux dents? Voila
de formidables problemes qu'il serait urgent de resoudre et qu'il est
interessant d'examiner en parvenant a ce carrefour historique, devant
lequel sont en passe d'hesiter indefiniment nos diplomates de bureau,
comparables a Hercule seulement par une indecision qui, en se
prolongeant davantage, les assimilerait plus justement au quadrupede
philosophique de Buridan.
I
Une caricature, dont la legende est passee en proverbe, constate que,
du temps de Gavarni, les Anglais se consideraient deja comme chez eux
partout ou l'eau etait salee; ils ont depuis cette epoque pris gout a
l'eau douce et, apres avoir plante leur pavillon le long de toutes les
cotes hospitalieres et sur toutes les iles en bonne place, ils se sont
mis a remonter les fleuves, accaparant les grandes vallees l'une apres
l'autre, portant leur effort principal en Chine, sur le Yang-Tse-Kiang,
le Menam et le Mekong, et en Afrique, sur le Nil et le Niger, tout en
empietant le plus possible sur le Zambese et en recherchant toutes les
occasions de s'immiscer dans le Congo. On va jusqu'a pretendre que leur
influence remonte tel fleuve d'Europe jusqu'au niveau du quai d'Orsay;
qu'elle atteint meme, depuis quelques mois, sur la rive opposee jusqu'au
Pavillon de Fl
|