'invasion et
le bouleversement.
C'est dire que si le programme de notre action directe semble devoir
s'arreter aux termes que je viens de preciser, notre politique n'en
doit pas moins agir au dehors par tous les moyens dont elle dispose,
on pretant le concours le plus etendu aux adversaires qui se trouvent
naturellement places au travers de la route que pretend s'ouvrir
l'Imperialisme. Deux d'entre eux, malgre l'evidence de leurs interets
diametralement opposes a ceux de l'Angleterre, sont demeures jusqu'a
present dans une attitude indecise, vraisemblablement dans I'attente
d'une politique europeenne qui paralleliserait les efforts et
totaliserait les facultes de resistance: ce sont les Allemands de
l'Est-Africain et les Belges du Congo. Les deux autres, autochtones,
sont fatalement irreductibles et c'est pour la vie qu'ils luttent en
se defendant contre l'Angleterre: les Boers aujourd'hui, et demain les
Abyssins, dont le tour viendrait aussitot que serait reglee l'affaire du
Transvaal. Ainsi le veut la politique de l'Horace-et-Vorace-Albion!
Tous ces elements de resistance vont-ils demeurer epars et se laisser
aneantir l'un apres l'autre? ou bien seront-ils enfin solidement
amonceles en un obstacle qui se dressera, inoffensif mais inebranlable,
devant la marche de l'envahisseur? Voila nettement sous quelle forme la
guerre transvaalienne interesse a distance la France, l'Allemagne, la
Belgique et aussi la Russie qui est en train de se constituer, d'accord
avec Menelick, un important domaine dans l'Ethiopie equatoriale.
Pour ce qui est de nos interets sur place, il y a d'abord la question
miniere, dont on fait le plus de bruit et qui ne saurait pourtant nous
faire perdre de vue toutes les autres. On compte au Transvaal plus de
1,500 millions de capitaux francais engages dans les mines et pres de
800 millions de capitaux allemands; c'est assez dire que cette industrie
n'est pas uniquement anglaise,--elle ne l'est meme pas actuellement pour
plus d'un tiers;--mais, ce qui est bien different, elle est entre les
mains de l'Angleterre.
Nous fournissons, avec l'Allemagne, une grosse partie des capitaux, mais
c'est Londres qui conduit l'affaire a son profit, et le plus souvent a
notre prejudice, et qui inflige a chaque instant aux actionnaires naifs
et patients d'enormes pertes occasionnees par les violentes secousses
d'une speculation politico-financiere dont on commence seulement a
devoiler les tenebreux dessous. "Les
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