omme par
enchantement? Quelques diplomates de l'asphalte s'evertuent a demontrer
qu'il n'en subsiste rien, ou a peu pres, sinon dans l'esprit public,
du moins dans l'esprit du prince. Il convient d'ajouter que ces
nouvellistes ne s'embarrassent pas de la precision d'une information
ni de la logique d'un raisonnement; leurs revelations emanent en
ligne directe de ce don intuitif qui est la grace d'etat de quelques
somnambules extra-lucides et de certains diplomates extra-carriere.
Si l'on se soustrait a leur attraction magnetique pour examiner
les faits et pour en tirer la lumiere, on est conduit a une serie
d'observations d'ou se degage nettement une conclusion tout a fait
differente de l'oracle rendu par ces sondeurs de pensees souveraines.
Ces considerations, qui me paraissent s'imposer a un examen attentif,
j'en vais noter quelques-unes en toute simplicite.
--Les positions respectives de l'Angleterre et de l'Allemagne dans la
grande lutte economique pour la vie n'ont ete notoirement jusqu'ici
l'objet d'aucune modification qui annonce la conciliation des
interets[8].
[Note 8: Quelque peine que se donne l'Angleterre pour nous en faire
accroire, et quelle que soit, la coquetterie avec laquelle ou s'y prete
a Berlin pour nous piquer au jeu, qui donc oserait soutenir que la face
des choses soit bouleversee par la bataille de Samoa et qu'il faille
voir une entente internationale dans la liquidation eu solde de quelques
menues affaires, avec lesquelles il importait a tout le monde d'en finir
a raison du trouble disproportionne qu'elles apportaient dans l'examen
des graves problemes que le moment est venu d'aborder.]
--Les coups de canons tires sur un petit peuple que l'Allemagne avait
ostensiblement pris sous sa protection, et les airs de bravade affectes
par l'Angleterre vis-a-vis de quiconque interviendrait, ne sont
assurement pas faits pour operer le rapprochement des coeurs.
--Les explosions de joie par lesquelles est accueilli du public et de la
presse allemande chaque nouvel echec de la rivale d'hier, montrent qu'en
dehors de l'empereur, personne, dans ce pays, ne juge necessaire ou
simplement convenable de voiler l'expression de ces sentiments peu
amicaux.
Ce souverain, en qui s'incarne la formule integrale du genie allemand,
a-t-il apparence d'aventurer une politique personnelle contre le voeu de
ses peuples?
La reponse a cette interrogation se lit dans le discours de Hambourg et
dans le prodigieux
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