s quelques annees une puissance avec
laquelle il faut compter, remettait au Chancelier de l'Empire une
memoire ou on lisait que l'influence allemande dans le Sud-Ouest
africain etait une condition _sine qua non_ de l'equilibre colonial de
l'Empire. "Il est de l'interet de l'Allemagne, disait-on, de soutenir
les Etats sud-africains dans leur lutte avec l'Angleterre et de liberer
de toute entrave la baie de Delagoa."]
Comment admettre que le chef d'Etat qui suit passionnement jusque dans
le moindre detail toutes ces questions maritimes et coloniales ignore
l'interet vital qui s'attache a Delagoa-Bay ou se laisse amadouer sur ce
point par les menues privautes qu'on fait mine de lui accorder du cote
de l'Angola, ou du Damaraland ou du Mozambique meme, fut-ce sur le
Pacifique?
--On ne doit pas oublier que c'est lui qui, en 1894, a violemment
interpose, sur le passage de la voie ferree que M. Cecil Rhodes
pretendait etablir du Caire au Cap dans une game anglaise, un
coupe-circuit qui, pour longtemps empechera les trains de passer. Cette
question fut reglee, a Bruxelles, d'accord avec la France, qui devait
quelque temps apres joindre ses forces a celles de l'Allemagne par
l'intermediaire de la Russie pour faire obstacle aux pretentions
anglaises en Chine[10].
[Note 10: M. Cecil Rhodes s'est rendu, cette annee, a Berlin pour
obtenir de Guillaume II les garanties necessaires a l'etablissement
de son chemin de fer dans la traversee de l'Est africain. Tout en lui
donnant le droit de poser un fil telegraphique, sous le controle de
l'Administration allemande et sans abandon territorial, l'empereur a
refuse a M. Cecil Rhodes le droit d'etablir chez lui une voie ferree
anglaise.
Un journal satirique de Londres a illustre cet echec dans une caricature
montrant le Napoleon du Cap revenant d'Allemagne avec une grosse caisse,
dont la peau est crevee d'un trou enorme.
--Qui a fait cela? dit John Bull.
--Guillaume II, mais, en compensation, il m'a offert sa photographie.
C'etait vrai.]
--Comment ne pas reconnaitre dans tous ces faits la realisation d'un
plan d'ensemble, solidement echafaude, et suivi avec une tenacite que
n'arrete aucune traverse et que ne decourage aucun retard?
On nous a etrangement trompes s'il ne faut plus voir en Guillaume
II l'homme au vaste et ferme dessein que ses portraitistes, ses
historiographes et ses actes importants nous montrent depuis qu'il
est sur le trone, mais un nevropathe inquiet, b
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