paix! La paix en Europe! Tel est le voeu de plus en plus nettement
formule par les peuples comme par les souverains.
"Je suis bien decide a maintenir la paix... mon amour pour l'armee
allemande ne m'induira jamais en cette tentation d'enlever a mon pays
les bienfaits de la paix... Je souhaiterais seulement que la paix
europeenne fut entre nos mains."
Ainsi parlait Guillaume II en 1895, et son langage, ni son affirmation
ne paraissent avoir change depuis l'epoque ou il disait a Jules Simon:
"Je crois qu'a celui qui oserait troubler la paix de l'Europe une lecon
serait donnee qu'il n'oublierait de cent ans!" Qui la trouble, sinon
l'Angleterre, avec ses provocations incessantes et inadmissibles? Et
comment la proteger, sinon en appelant tout le monde au rempart?
Encore faut-il un rempart. Le moment est venu de le construire; depuis
longtemps on en parle, mais c'est a qui n'apportera point la premiere
pierre ou le premier sac de terre.
"Diverses occasions se sont presentees ou il eut suffi, assure M. Wolff,
d'une indication nette de la part de la France pour que l'Allemagne
s'arrangeat avec elle _en matieres extra-europeennes;_ et la Russie et
l'Autriche, peut-etre meme l'Italie, n'auraient pas refuse d'entrer dans
un arrangement de ce genre."
On a, d'autre part, affirme que des "invites" avaient ete faites a
diverses reprises aupres de notre gouvernement. Ces allegations nous out
valu un pittoresque defile d'anciens ministres et d'anciens ambassadeurs
se decernant a eux-memes le certificat de n'avoir rien fait. C'est le
maximum de resultat auquel puisse pretendre aujourd'hui l'activite des
hommes de merite.
A l'encontre de ce politicien, plus recommandable par l'esprit que par
le caractere, qui disait: "On m'a tout offert, j'ai tout accepte; on ne
m'a rien donne!" notre diplomatie allegue triomphalement qu'on ne lui a
rien propose. Peut-etre serait-il plus exact de declarer qu'a l'austere
devoir pieusement fidele comme l'honnete femme du sonnet d'Arvers, elle
n'a pas entendu:
Le murmure d'amour eleve sur ses pas.
Mais qui pourrait lui reprocher d'avoir fait la sourde oreille aux
galanteries trop empressees de I'ennemi dont l'eloigne pour longtemps le
souvenir odieux qu'un seul mot peut effacer!... Et ce mot on ne le dit
pas. Eh bien! qu'on reste chez soi,--et si l'on a quelque chose a nous
communiquer dans l'interet des affaires qui nous sont communes, il est
de convenance elementaire qu'on charge de l
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