ccusant amerement "le peril
d'une certaine expansion envahissante et continue dont l'Europe
est menacee par une de ses races, armee de tous les moyens que la
civilisation peut mettre au service de son ambition demesuree"; c'etait
le coup de theatre du traite de commerce brutalement denonce, et c'etait
Cecil Rhodes disant devant la commission d'enquete:
"J'ai ete fortement influence par la conviction que la politique du
gouvernement transvaalien actuel avait pour but d'introduire l'influence
d'une autre puissance etrangere (l'Allemagne) dans le systeme deja
complique des Etats sud-africains, et risquait de rendre plus difficile
encore a l'avenir l'etablissement d'une union etroite entre eux."
En ce temps-la, de frequents incidents mettaient aux prises, sur divers
points du globe, des Anglais et des Allemands; le hasard d'un voyage
autour de l'Afrique m'en rendit deux fois le temoin. Ce fut d'abord a
Zanzibar, quand, apres le bombardement par l'amiral Rawson, le Sultan
usurpateur alla chercher refuge au consulat germanique ou il etait
attendu avec une visible impatience. Il y arriva, poursuivi de pres
par un detachement de fusiliers marins de l'escadre anglaise, qui,
baionnette au canon, cernerent le batiment; le cordon d'investissement
fut releve le soir par des troupes fraiches, et le service de garde fut
maintenu trois semaines durant, jusqu'au jour ou une grande maree amena
au consulat, situe sur le littoral, une embarcation du navire de guerre
allemand qui, sous le regard indigne des marins anglais, prit livraison
de l'auguste refugie et le transporta sain et sauf a Dar-es-Salam.
Quelques mois plus tard, a Lourenco-Marques, une populace, notoirement
soudoyee par des agents anglais, se ruait sans motifs sur le consul
allemand, le comte Pfeif, de passage a la gare, et le poursuivait
jusqu'a ses bureaux, dont les vitres furent brisees. Le consul, dont les
revendications etaient appuyees par la presence d'un croiseur, exigea et
obtint une eclatante reparation. La semaine suivante, des matelots
de l'escadre anglaise chercherent querelle a des Francais et a
des Allemands ecoutant la musique au square, et une rixe generale
s'ensuivit. Bagatelles sans doute, mais representatives d'un etat
d'esprit qui etait alors universel dans le domaine colonial, ou Francais
et Allemands se trouvaient quelquefois rapproches, contre toute attente,
par l'hostilite britannique.
L'anglophobie allemande s'est-elle evanouie depuis lors, c
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