ort contre elle et combat de toutes ses forces pour
detruire notre suprematie." Suivait un tableau plein de verve de la
maison anglaise envahie depuis les ustensiles de la cuisine jusqu'aux
jouets d'enfants, et depuis le pot de biere jusqu'au tisonnier par des
marques allemandes; "l'opera lui-meme que vous entendez est un opera
fait en Allemagne, execute ici par des chanteurs, des musiciens et un
chef d'orchestre faits en Allemagne, avec des instruments et sur des
partitions venant d'Allemagne."
Cette invasion etait signalee, comme s'etendant jusqu'aux colonies
anglaises, qui ne servaient plus qu'a fournir des debouches a
I'Allemagne [7].
[Note 7: _Le North American Review_: contient dans son dernier
numero un article plein de chiffres et de documents, intitule le _Declin
du commerce anglais_ dont la conclusion est que l'Angleterre perd
rapidement sa situation predominante et sera bientot releguee au
troisieme rang des nations commerciales, les Etats-Unis prenant le
premier et l'Allemagne le second; c'est un Americain qui parle.
Cette publication montre une fois de plus qu'on ne se fait pas illusion
sur la decadence anglaise, qu'une de ses causes est la concurrence
americaine et que cette rivalite se traduit de l'autre cote de l'Ocean
par des marques d'antipathie indeniables.]
Les lamentations de M. Edwin Williams etaient periodiquement reprises
en maniere de refrain par le choeur des consuls au _Board of Trade_ et
furent corroborees par le rapport a la _Royal Commission on technical
Education_, qui concluait en ces termes:
"Il n'y a pas place en Europe pour deux reines du commerce et de
l'industrie, il faut que l'une des deux abdique ou perisse. L'Allemagne
compte bien que ce ne sera pas elle et toutes ses forces sont tendues
vers l'etranglement de l'autre. Tout ce qu'elle fait en faveur de son
industrie est dirige contre la rivalite de l'Angleterre." On allait
jusqu'a denoncer l'espionnage commercial de Berlin entretenant des
commis dans les offices de Londres et dans les usines du Royaume-Uni. Et
toutes ces doleances, toutes ces imputations etaient reprises avec eclat
par lord Roseberry dans un discours a Epsom: "Depuis la defaite de
l'Autriche, l'Allemagne n'a pas cesse de se preparer silencieusement a
deux grandes guerres. Elle en a termine une, celle pour la consolidation
de son territoire. L'autre, qu'elle est en train de faire, c'est la
guerre industrielle".
Un an plus tard, c'etait lord Salisbury a
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