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anglaise decourage depuis quelques annees les velleites de cette dame
Europe chaque fois qu'une de ses grandes filles montre quelque velleite
de se porter au secours de la petite soeur: "Ne vous derangez donc pas,
fait l'Angleterre; nous avons eu des mots ensemble, mais nous voila
tout a fait d'accord." Et la petite soeur, pincee jusqu'au sang et
terrorisee, n'ose pas dire que non.
C'est ce qu'on appelle l'accord anglo-portugais; il y a beau temps
qu'il se prolonge de la sorte, a travers les dementis officiels que
l'indignation nationale arrache de temps en temps a un gouvernement qui
n'ignore pas de quel choc serait precipitee la dynastie assez osee pour
trafiquer des diamants de la couronne portugaise avec l'ennemi le plus
execre,--a travers les denegations constantes de tout ce qui dans la
presse europeenne est en etat de s'informer sur ces choses et d'en
juger, et d'ou il appert que, pas plus en Allemagne qu'en France et
qu'en Russie on n'est dupe de cette entente du bourreau avec la victime,
trop grossierement renouvelee de la saynete bien connue du _Decapite par
persuasion_. On se refuse a voir le Portugal abandonnant aux mains de
l'Angleterre, en echange d'une bonne parole, les pendants d'oreille qui
representent le plus clair de sa fortune..... et la tete a laquelle ils
sont pendus. Mais quelle situation horrible est celle de ce gouvernement
auquel l'Angleterre dit a chaque instant: "Si vous ne voulez pas faire
croire que nous sommes d'accord, je m'en vais vous bombarder, et
personne ne levera le bout du doigt pour l'empecher." Oh! la psychologie
de l'operette qui pretend que les Portugais sont toujours gais!
Gomme le lievre de la _Cuisiniere bourgeoise_, le gouvernement portugais
prefere attendre, mais voici que l'Angleterre s'impatiente et si
quelqu'un ne proteste pas a haute et intelligible voix contre une
cession plus ou moins deguisee de Lourenco-Marques, et contre une
violation inqualifiable de la neutralite portugaise, l'accord imaginaire
sera subitement devenu une complicite reelle, dont l'Angleterre et le
Portugal auront tous deux a rendre compte un jour ou l'autre.
Nous croyons savoir que le groupe diplomatique et colonial de la
Chambre, justement emu de la chose, a tenu, il y a quelques mois, une
reunion importante dont cette question a fait l'objet. On a dit aussi
que des representations discretes avaient ete formulees a Lisbonne
par notre ministre; ces reserves, assurement empreintes de pl
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