Anglais, qui se pretendent opprimes
par les Boers, oppriment, eux, d'une maniere beaucoup plus flagrante et
plus persistante leurs associes francais. Il serait temps que ce regime
d'oppression et d'exploitation finit, qu'on retablisse la paix au
Transvaal, qu'on demande au gouvernement boer, non pas des droits
politiques auxquels on n'a aucun titre, mais des menagements fiscaux et
des reformes economiques; que les Anglais enfin fassent cesser cette
anomalie de reclamer uniquement pour eux des droits et de refuser aux
Francais les droits les plus legitimes", ecrivait recemment M. Paul
Leroy-Beaulieu, qui a suivi des ses origines, avec une experience
clairvoyante, le conflit transvaalien, dont les elements avaient ete
lumineusement etudies sur place par un de ses jeunes collaborateurs, M.
Pierre Leroy-Beaulieu.
Quiconque possede la question comme l'eminent directeur de l'_Economiste
francais_ reconnait avec lui[4] que l'on aurait indubitablement obtenu
gain de cause aupres du gouvernement boer si, au lieu de lui tendre un
traquenard politique dans lequel il ne s'est pas laisse choir, on
avait sincerement recherche de nouvelles facilites pour l'industrie
miniere,--deja tres favorisee, il importe de le proclamer, et dont le
regime administratif est grandement envie, detail piquant, par les
concessionnaires d'exploitations auriferes dans la Rhodesia et aussi,
cela va sans dire, par les infortunes detenteurs de concessions minieres
dans les colonies francaises.
[Note 4: Cf. _Autour des mines d'or_ (Boers et Anglais), par Edgar
Roels,--chez A. Hennuyer.]
Voila la guerre declaree; qui la paiera? Sir Michael Hicks Beach ne l'a
pas dissimule au Parlement: les 10 millions de livres votes jusqu'a
present seront representes par des bons du Tresor qu'on repassera
en bloc au budget des pays conquis; il faudra aussi recompenser
les devouements et indemniser les victimes, dont la principale est
actuellement la Chartered. La mine d'or y pourvoira, et ses actionnaires
continentaux qui n'out pas voix au chapitre, n'ayant jamais su obtenir
la representation qui leur etait due, se laisseront rouler une fois de
plus. _Rule Britannia!_ Quant au sort des non-Anglais au Transvaal apres
la conquete, il nous est depeint a l'avance dans un ouvrage plein
de faits, ecrit avec le langage precis de l'homme d'affaires par un
commissionnaire francais qui a longtemps sejourne dans l'Afrique du Sud,
M. Georges Aubert[5]:
Maitres du pays, les Angla
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