mme disait Louis XIV, cent
quatre-vingt-dix-sept ans avant la conference de La Haye.
Ces forces tant vantees, quelle en est la mesure? Comment a-t-on calcule
la puissance de ces moyens d'action dont l'appareil impose a tout
l'univers cette terreur superstitieuse que les diplomates appellent du
recueillement et qui reduit au silence les voix les plus retentissantes,
des qu'elle agite son tonnerre et qu'elle lance a travers les oceans
ses foudres, peut etre aussi chimeriques que celles du Calchas de
l'operette?
L'enfantine image du colosse aux pieds d'argile, expose par l'effet
de son propre poids a un effondrement soudain et definitif, est-elle
simplement la forme que revetent les esperances des patriotes
d'estaminet? ou bien exprime-t-elle une realite?
Il serait vraiment bien opportun d'entreprendre une etude critique,
documentee et raisonnee sur la situation materielle dans laquelle
se trouverait l'Angleterre au cas ou serait releve l'un des defis
incessants qu'elle porte a tout venant. Est-il vrai que les ressources
incomparables dont elle dispose ne soient point en proportion avec les
necessites innombrables auxquelles elle aurait a faire face? Est-il vrai
que sa marine de guerre, douee d'une superiorite materielle qui lui
garantit absolument la victoire dans une rencontre d'escadres, se
trouverait en inferiorite marquee dans la guerre de course, ou meme (si
on ne se decide pas a la retablir) dans une campagne d'eparpillement qui
harcellerait incessamment par petits groupes ses points faibles sur les
cotes ou a la mer sans jamais donner prise a des engagements de masses?
(C'est un peu la tactique des Boers sur la terre ferme.) Est-il vrai
que,--mal gre l'enorme avantage qu'elle a eu la prevoyance de se
reserver par la multiplicite et la position opportune des points
d'appui, qui assurent dans toutes les mers le refuge en cas de danger,
et, en meme temps, le charbon, ce nerf de la guerre maritime,--la plus
formidable puissance navale de l'univers serait singulierement genee
dans les entournures par nos torpilleurs, dont l'inferiorite numerique
est moins marquee que celle de nos croiseurs et de nos cuirasses et qui
l'emportent haut la main sur les destroyers anglais par la hardiesse des
mouvements? A-t-on lieu de penser qu'il serait de la sorte aise de faire
un mal terrible a ses convois, et meme a ses vaisseaux de guerre, et
d'entraver un ravitaillement, oblige de pourvoir actuellement dans la
proportion de 80
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