amis, du moins dans le voisinage. Entouree de
malveillance, de suspicion et d'envie--on l'a vu naguere,--elle en est
reduite a examiner quel est son ennemi le plus pressant, pour lui faire
face, en appelant au besoin les autres a la rescousse. Or, le peril
present vient-il pour nous de l'Allemagne qui nous a pris tout ce
qu'elle pouvait esperer, et bien au dela, et qui ne nous voit pas en
train de chercher a le lui reprendre? ou vient-il de l'Angleterre avec
laquelle chaque annee nous apporte un nouveau conflit et qui nous
presentait il y a quelques mois encore, au lendemain de Fachoda, tout
un memoire de questions a regler.--Questions coloniales!
dira-t-on.--Assurement. Or, ce sont les questions vitales de l'Europe
de demain; il n'y a plus guere que notre ministre des colonies qui soit
encore a s'en apercevoir!
Des adversaires moins irreductibles que le ministre competent (pour
parler le langage administratif) consentiront sans doute a reconnaitre
que nous avons d'importants interets a defendre contre les Anglais sur
divers points du globe: sinon en Egypte (il faut que cette porte soit
fermee, n'etant plus ouverte; d'accord!) du moins en Chine, au Siam, a
Madagascar pour des questions de tarif, en Abyssinie pour des questions
d'influence, au Maroc pour des questions de penetration, a Terre-Neuve
pour le reglement d'un proces qui dure depuis le traite d'Utrecht, enfin
au Soudan et au Tchad, ou bat le coeur de l'Afrique francaise, palpitant
au spectacle de tant de heros tombes, les Crampel, les Bretonnet, les
Behagle, dont certains ecrivains, que je veux croire bien intentionnes,
affligent en ce moment la memoire par une compassion boulevardiere qui
pretend laisser leur mort sans vengeance et leur effort sans resultat.
En ces divers lieux, nous sommes en competition avec l'Angleterre, on le
veut bien; mais l'Afrique du Sud, chez qui nous n'avons pas un pouce
de territoire a conserver ou a esperer, comment pourrait-elle nous
passionner au point de nous faire prendre parti dans une lutte ou, il
nous appartient uniquement de marquer les coups! Telle est l'opinion
qui persiste dans certains organes vestigiaires d'une politique
antediluvienne.
M. de Vergennes, le ministre de Louis XVI, qui ne tarda pas a devenir le
vigoureux instrument de notre intervention dans la guerre d'Amerique,
formulait une opinion de ce genre, quand il ecrivait a M. de Guines,
ambassadeur a Londres: "Loin de chercher a profiter des embarras ou
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