eterre, qui, comme
l'avare Acheron, ne lache point sa proie, et c'en est fait de l'Afrique
pour les autres nations de l'Europe, a moins qu'une voix ne se fasse
entendre pour appeler le monde pacifique au soutien d'un equilibre
sud-africain qui pourrait etre, avec une stabilite infiniment moins
precaire, l'utile contrepoids de cet equilibre europeen dont la
recherche a trouble plus de cervelles que la poursuite du mouvement
perpetuel.
L'historique de la question sud-africaine a ete trace maintes fois
depuis que le conflit anglo-transvaalien, passant graduellement de
la forme chronique a l'etat aigu, tient l'Europe en emoi. Il se lie
d'ailleurs etroitement a la desolante histoire de la competition
anglo-francaise en Egypte, qui marque la premiere etape de
l'Imperialisme africain[1].
Depuis le temps ou lord Palmerston combattait l'oeuvre civilisatrice de
Ferdinand de Lesseps par les procedes inqualifiables que M. Charles
Roux denoncait recemment dans une etude magistrale[2] sur le canal
de Suez--(l'un de ces moyens d'obstruction consistait a soulever les
Fellahs)--jusqu'a M. Chamberlain, armant les noirs contre les colons
hollandais, c'est la meme lutte que soutient l'Angleterre contre
quiconque porte ombrage a cette prepotence de droit divin, a ce
"Paramount Power" qu'elle revendique et dont les exigences dans
l'Afrique du Sud revetent l'exclusivisme d'une sorte de doctrine de
Monroe.
[Note 1: Il ne nous appartient pas de nous arreter sur ce point et
nous ne croyons pouvoir mieux faire que de signaler l'ouvrage de M. De
Caix, pleinement documente, nettement deduit, fermement conclu: _Fachoda
(la France et l'Angleterre)._--Librairie Africaine et Coloniale J.
Andre.]
[Note 2: _Revue de Paris_, n deg. des 1er, 15 octobre et 1er novembre.]
Apres une vaine tentative pour enlever aux Hollandais leur florissante
colonie du cap de Bonne-Esperance, en 1786,--attentat vivement chatie
par le bailli de Suffren au combat du Cap-Vert,--l'Angleterre profita
de la Revolution francaise pour s'y insinuer adroitement, mais c'etait
cette fois-la dans l'honorable dessein de la conserver a la Hollande,
car la politique anglaise est un peu comme le sabre de M. Prudhomme
"pour defendre ses amis, et au besoin pour les combattre". Elle la
conserva si bien qu'elle l'a gardee jusqu'a ce jour.
Tous ses efforts s'appliquerent des lors a rendre le sejour intolerable
aux Boers, peuple de paysans, comme le nom l'indique, forme des colons
d
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