denoncee, que le gouvernement britannique fait la guerre,
apres avoir joue longtemps d'un autre pretexte aussi peu fonde,
la revendication des droits politiques des uitlanders (residents
etrangers), en depit du traite de 1884, dont l'article 4 precise la
nature de ces droits, exclusivement commerciaux, et sans la moindre
pretention a une ingerence politique. M. Krueger avait pourtant, a une
epoque ou il se faisait encore illusion sur la sincerite de certaines
doleances, ouvert la porte du second Raad aux uitlanders justifiant
comme electeurs de deux ans de sejour et de quatre ans comme eligibles,
sous la seule condition, bien entendu, qu'ils renoncassent a la
nationalite anglaise. Le nombre fut infime de ceux qui mirent a profit
cette occasion d'echapper a leur sort de uitlanders persecutes. Ils
voulaient bien partager les avantages des burghers, mais ils ne
songeaient pas un seul instant a renoncer aux prerogatives des citoyens
britanniques.
Les ephemeres exploitants de ce camp minier qu'est la ville de
Johannesburg, selon l'expression de M. Paul Leroy-Beaulieu, pretendaient
faire la loi aux maitres du sol transvaalien, a ceux qui l'avaient
conquis de leurs armes, arrose de leur sang, defendu de toutes leurs
energies et constitue en un Etat qui represente, observons-le en
passant, avec l'_Orange Free State_, la seule republique contemporaine
vraiment digne de ce nom.
Jameson pretendit regler la question d'un coup de main; on lui donna sur
les doigts; M. Chamberlain l'a rouverte avec une poigne plus exercee,
mais qui ne parait pas devoir etre plus heureuse.
La politique imperialiste avait, il faut le reconnaitre, ete fort
habilement menee jusqu'a l'eclat malencontreux du raid de ce Jameson,
dont le zele intempestif compromit tout pour longtemps. On avait
patiemment travaille a investir le Transvaal, d'abord en lui coupant
toute communication avec la mer; apres avoir inutilement tente de ravir
la baie de Delagoa au Portugal, auquel elle fut rendue par l'arbitrage
du marechal de Mac-Mahon en 1875, on passait, en 1884, avec les tribus
du Tongaland un traite qui etendait la puissance britannique sur la cote
de l'ocean Indien jusqu'aux possessions portugaises. Puis, sans perdre
de temps, on opera du cote de la terre ferme, sous l'inspiration
energique et prevoyante de Cecil Rhodes, poussant vigoureusement le
protectorat du Bechuanaland entre la Republique sud-africaine et la
colonie allemande du Damaraland, qui manife
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