tembre, le 21
janvier, le 31 mai, les 30 octobre et 9 thermidor; je comprends la
torche des guerres civiles avec son feu gregeois qui se rallume
dans le sang au lieu de s'eteindre; je comprends la maree des
revolutions qui monte toujours avec son flux que rien n'arrete, et
son reflux qui roule les debris des institutions que son flux a
renversees; je comprends tout cela, mais lance contre lance, epee
contre epee, hommes contre hommes, peuple contre peuple! Je
comprends la colere mortelle des vainqueurs, je comprends les
reactions sanglantes des vaincus; je comprends les volcans
politiques qui grondent dans les entrailles du globe, qui secouent
la terre, qui renversent les trones, qui culbutent les monarchies,
qui font rouler tetes et couronnes sur les echafauds... mais ce
que je ne comprends pas, c'est la mutilation du granit, la mise
hors la loi des monuments, la destruction de choses inanimees qui
n'appartiennent ni a ceux qui les detruisent, ni a l'epoque qui
les detruit; c'est la mise au pilon de cette bibliotheque
gigantesque ou l'antiquaire peut lire l'histoire archeologique
d'un pays. Oh! les vandales et les barbares! mieux que tout cela,
les idiots! qui se vengent sur des pierres des crimes de Borgia et
des debauches de Louis XV! Qu'ils connaissaient bien l'homme pour
l'animal le plus pervers, le plus destructif, le plus malfaisant
de tous, ces Pharaons, ces Menes, ces Cheops, ces Osymandias qui
faisaient batir des pyramides, non pas avec des rinceaux de
guipure et des jubes de dentelle, mais avec des blocs de granit de
cinquante pieds de long! Ils ont bien du rire au fond de leurs
sepulcres quand ils ont vu le temps y user sa faux et les pachas y
retourner leurs ongles. Batissons des pyramides, mon cher lord: ce
n'est pas difficile comme architecture, ce n'est pas beau comme
art; mais c'est solide, et cela permet a un general de dire au
bout de quatre mille ans: "Soldats, du haut de ces monuments,
quarante siecles vous contemplent!" Tenez, ma parole d'honneur,
mon cher lord, je voudrais rencontrer dans ce moment-ci un moulin
a vent pour lui chercher querelle.
Et Roland, eclatant de son rire habituel, entraina sir John dans
la direction du chateau.
Sir John l'arreta.
--Oh! dit-il, n'y avait-il donc a voir dans toute la ville que
l'eglise de Brou?
-- Autrefois, mon cher lord, repondit Roland, avant qu'elle fut
convertie en magasin a fourrages, je vous eusse offert de
descendre avec moi dans les caveau
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