a couronne. Vous
n'aurez qu'a attendre qu'il plaise a Dieu de rappeler a son divin
tribunal le meurtrier de votre mere pour regner a votre tour.
--Est-ce possible? balbutia le Torero ebloui.
--Cela sera, dit Fausta avec une conviction impressionnante. Cela sera
beaucoup plus tot que vous ne croyez. Le roi est vieux, use, malade. Ses
jours sont comptes.
--Eh bien, madame, dit genereusement le Torero, si extraordinaire
que cela vous puisse paraitre, je lui souhaite de me faire attendre
longtemps.
Fausta eut un mince sourire. Allons, decidement, elle l'avait tout
doucement amene a accepter ses idees. Il restait maintenant a lui faire
abandonner la Giralda.
Sans qu'elle eut pu dire pourquoi, Fausta sentait que ce serait la
le plus dur de sa tache. Mais elle avait mene a bien des intrigues
autrement scabreuses. L'avoir amene a trouver tout naturel de monter
sur un trone, c'etait enorme. Quant au reste, la mort a bref delai de
Philippe II, elle en faisait son affaire. Qu'il le voulut ou non, une
fois pris dans l'engrenage, il serait bien force d'aller jusqu'au bout.
Et, quant a la petite bohemienne, s'il se montrait irreductible sur ce
point, elle aurait tot fait de s'en debarrasser.
--Ainsi, dit le Torero qui paraissait plonge dans un reve eblouissant,
ainsi je vous devrai une couronne! Comment pourrai-je m'acquitter envers
vous?
--Nous parlerons de cela tout a l'heure, dit Fausta d'un air detache.
Pour le moment il faut mettre sur pied tous les aboutissants de
cette entreprise. Vous pensez bien que cela n'ira pas sans quelques
difficultes.
--Je m'en doute bien un peu, dit le Torero en souriant.
--D'abord la journee de demain. Je vous l'ai dit: une armee entiere
tiendra la ville sous la menace. Il faut qu'il y ait bagarre, emeute,
tel est le plan du roi, conseille par M. d'Espinosa. Dans la lutte,
vous seriez tue: simple accident. Vous ne serez pas tue. J'en fais mon
affaire, mes precautions sont prises. A l'armee du roi, j'oppose une
armee a moi, que j'ai levee de mes deniers.
--Vous avez fait cela? fit le Torero, emerveille.
--Je l'ai fait.
--Mais pourquoi?
--Je vous le dirai tout a l'heure, dit froidement Fausta. A cette armee
de gentilshommes, de soldats aguerris, qui est a moi, qui a pour mission
de veiller uniquement sur votre precieuse personne, se joindra le
populaire qui vous admire et vous aime. Par mes soins, l'or est repandu
a pleines mains dans le but de raviver l'enthousiasme. Com
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