nt s'il etait eveille ou s'il
revait, s'ecria:
--Il faudrait etre frappe de folie pour ne pas accepter. Mais vous,
madame, vous qui jetez avec une aussi prodigieuse desinvolture des
millions dans cette entreprise, vous qui parlez de me donner vos
Etats, vous enfin qui m'eblouissez par l'evocation d'une prestigieuse
puissance, que me demandez-vous? Quelle sera votre part?
Fausta prit un temps. Puis fixant ses yeux droit dans les yeux du
Torero, lentement, en egrenant chaque syllabe:
--Je partagerai votre gloire, votre fortune, votre puissance.
Et le fixant toujours d'un regard aigu:
--Il reste a regler la facon dont se fera le partage.
Le Torero eut un geste de superbe insouciance qu'elle admira en
connaisseur.
--Il est necessaire que vous sachiez, dit-elle doucement.
Tres galamment, il repondit:
--Ce que vous ferez sera bien fait.
--Ce partage se fera de la maniere la plus simple et la plus naturelle.
Elle le laissa en suspens un inappreciable instant et brusquement elle
porta le coup:
--Je serai votre epouse!
Le Torero bondit. Il s'attendait a tout, hormis a une pretention
semblable, formulee d'une maniere si anormale, qui n'etait pas sans le
choquer quelque peu. Il tombait de tres haut. Fini le reve prestigieux;
il se trouvait face a face avec la realite brutale. Il lui semblait que
ce n'etait pas la meme femme qu'il avait devant lui. Sous le coup, de
l'emballement, cette incomparable beaute avait excite en lui le desir.
Maintenant il la voyait tout autrement. Pour tout dire: elle lui faisait
peur.
Dans sa stupeur, il ne put que begayer:
--M'epouser! Vous! madame! vous!
Fausta comprit que c'etait l'instant critique. Elle se redressa de toute
sa hauteur. Elle prit cet air de souveraine qui la faisait irresistible,
et adoucissant l'eclat de son regard:
--Regardez-moi, dit-elle. Ne suis-je pas assez jeune, assez belle? Ne
ferai-je pas une souveraine digne en tous points du puissant monarque
que vous allez etre?
--Je vois, dit don Cesar, qui recouvrait toute sa lucidite, je vois que
vous etes, en effet, la jeunesse meme, et quant a la beaute, jamais, je
le crois sincerement, nulle beaute n'egala la votre. Mais...
--Mais?... Dites toute votre pensee...
--Eh bien, oui, je dirai toute ma pensee. Je vous dirai en toute
sincerite que je me crois tout a fait indigne du tres grand honneur que
vous me voulez faire. Vous etes trop souveraine et pas assez... femme.
Fausta eut un sour
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