aluer la princesse,
tout en se rangeant pour la laisser passer; puis, lorsqu'elle eut
fait quelques pas avec la rapidite d'une femme qui craint d'etre
reconnue, lorsque le chevalier vit qu'elle etait trop preoccupee
d'elle-meme pour s'inquieter de lui, il s'elanca dans le jardin,
regardant rapidement de tous cotes et embrassant le plus d'horizon
qu'il pouvait dans son regard.
Il arrivait a temps: le gentilhomme qui avait accompagne Madame
etait encore a portee de la vue; seulement, il s'avancait
rapidement vers une des ailes du chateau derriere laquelle il
allait disparaitre.
Il n'y avait pas une minute a perdre; le chevalier s'elanca a sa
poursuite, quitte a ralentir le pas en s'approchant de l'inconnu;
mais, quelque diligence qu'il fit, l'inconnu avait tourne le
perron avant lui.
Cependant, il etait evident que comme celui que le chevalier
poursuivait marchait doucement, tout pensif, et la tete inclinee
sous le poids du chagrin ou du bonheur, une fois l'angle tourne, a
moins qu'il ne fut entre par quelque porte, le chevalier ne
pouvait manquer de le rejoindre.
C'est ce qui fut certainement arrive si, au moment ou il tournait
cet angle, le chevalier ne se fut jete dans deux personnes qui le
tournaient elles-memes dans le sens oppose.
Le chevalier etait tout pret a faire un assez mauvais parti a ces
deux facheux, lorsqu'en relevant la tete il reconnut M. le
surintendant.
Fouquet etait accompagne d'une personne que le chevalier voyait
pour la premiere fois.
Cette personne, c'etait Sa Grandeur l'eveque de Vannes.
Arrete par l'importance du personnage, et force par les
convenances a faire des excuses la ou il s'attendait a en
recevoir, le chevalier fit un pas en arriere; et comme M. Fouquet
avait sinon l'amitie, du moins les respects de tout le monde,
comme le roi lui-meme, quoiqu'il fut plutot son ennemi que son
ami, traitait M. Fouquet en homme considerable, le chevalier fit
ce que le roi eut fait, il salua M. Fouquet, qui le saluait avec
une bienveillante politesse, voyant que ce gentilhomme l'avait
heurte par megarde et sans mauvaise intention aucune.
Puis, presque aussitot, ayant reconnu le chevalier de Lorraine, il
lui fit quelques compliments auxquels force fut au chevalier de
repondre.
Si court que fut ce dialogue, le chevalier de Lorraine vit peu a
peu avec un deplaisir mortel son inconnu diminuer et s'effacer
dans l'ombre.
Le chevalier se resigna, et, une fois resigne, revint complete
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