i tranquille, Kwik, et courbe la tete.--
Tiens, ils font ainsi!
En disant cela, il prit de la main gauche l'epaisse chevelure de Donat
et la tira comme s'il voulait l'arracher, pendant qu'il tracait avec
l'ongle du pouce droit un cercle autour de la tete du jeune homme
epouvante.
--C'est fait, cria-t-il, tu n'as plus ni peau ni chevelure sur la tete!
Donat, qui craignait que ce ne fut vrai, jeta un cri d'angoisse, sauta
debout et regarda stupefait et tremblant le Bruxellois qui feignait de
cacher quelque chose derriere le dos.
Un long eclat de rire s'eleva et Donat partagea lui-meme l'hilarite
generale, des que, en tatant sa tete, il se fut assure que ce n'etait
qu'un jeu. La sensation desagreable qu'il avait eprouvee, laissa
cependant une profonde impression dans son esprit, et l'on eut assez de
peine a lui faire comprendre que les attaques des sauvages etaient un
des moindres dangers des chercheurs d'or.
XV
LA BANQUEROUTE
Un matin, le cinquieme jour apres l'arrivee de _Jonas_, une grande foule
courut sur le port avec de grandes demonstrations de joie. C'etaient les
passagers du _Jonas_ et de deux autres navires que la Societe _la
Californienne_ avait envoyes a San-Francisco. On avait signale un
trois-mats avec pavillon francais, et le bruit s'etait repandu que les
directeurs de _la Californienne_ etaient la enfin avec les instruments
et tout ce qu'il fallait pour conduire les actionnaires aux placers.
Lorsque enfin, apres une longue attente, une chaloupe atterrit dans le
port, les arrivants furent entoures et chacun voulut savoir des
nouvelles de la France et de _la Californienne_. Un cri de desespoir
et de rage parcourut la foule: _la Californienne_ avait fait banqueroute
et n'existait plus. Tout l'argent paye etait donc perdu, et les actions
que l'on avait mises en main des passagers ne valaient plus un centime.
Etait-ce une gigantesque escroquerie? la Societe s'etait-elle trompee
dans ses calculs ou avait-elle eu des malheurs? Quoi qu'il en fut, les
quatre ou cinq cents membres a San-Francisco pouvaient chercher comment
ils se tireraient d'embarras. La plupart etaient sans argent; beaucoup
d'entre eux, qui avaient ete trop paresseux ou trop fiers pour
travailler, avaient vecu jusqu'alors tres miserablement et couche a la
belle etoile comme une poignee de mendiants.
Ce soir-la, les Anversois etaient de nouveau reunis avec le Bruxellois,
et on ne parla naturellement que de la banqueroute d
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