ontre de
dangers, parce que j'ai eu soin d'eviter la route ordinaire des
chercheurs d'or. A present, cela devient impossible. Dans cette vallee,
entre la riviere de l'Ours et le Yuba, les directions se croisent. S'il
y a des _salteadores_ ou brigands, nous pouvons les rencontrer des a
present a chaque instant. Donc, soyez toujours prets a la defense,
surtout quand notre route est dominee par des collines ou par des bois,
comme en ce moment et comme cela durera pendant quelque temps encore.
Ils continuerent a avancer et ne rencontrerent rien jusqu'au moment ou
ils atteignirent la fin du defile. La, Kwik sauta tout a coup en arriere
avec un cri d'angoisse.
--Qu'y a-t-il? que vois-tu? s'ecrierent les autres.
--La! la! repondit Kwik, toute une bande de brigands!
Tous s'arreterent et tinrent leurs armes pretes; car ils voyaient devant
eux, au pied d'une colline et a moitie caches, quatre hommes accules
contre les arbres et dont les deux premiers etaient appuyes sur de longs
fusils.
--Eh bien! que ferons-nous? murmura Creps. Nous ne pouvons pas rester
ici irresolus. Ils ne sont que quatre. Pourquoi craindre.
--Oui, mais la prudence est aussi du courage. Ils sont peut-etre plus
que nous ne croyons. Observons un instant quelle peut etre leur
intention. C'est etonnant, ils nous remarquent; et, si je ne me trompe,
ils rient.
--Venez, avancons, dit Roozeman; reculer est impossible. Si ces hommes
veulent nous attaquer, ils peuvent nous atteindre dans tous les cas.
--As-tu peur, Pardoes? demanda Jean Creps.
--Peur? Je suis prudent. Vous ne connaissez pas le pays. Mais il n'y a
pas d'autre moyen. En avant donc ... et au moindre mouvement hostile,
faisons feu!
Ils poursuivirent leur chemin. Lorsqu'ils passerent devant les brigands
supposes, a une quarantaine de pas, ceux-ci ne bougerent point et
resterent appuyes sur leurs fusils, sans dire un mot, et meme sans
repondre autrement que par un grognement bref et un leger signe de tete
au salut qui leur fut adresse.
A peine les Flamands se furent-ils eloignes d'une demi-portee de fusil,
que Donat s'ecria avec etonnement.
--Bonte du ciel! en croirai-je mes yeux? C'est, pardieu, la moustache
rousse du _Jonas_.
--Tu t'es trompe, dit Roozeman. Il n'est pas parmi eux.
--Si, il y est, en chair et en os... mais sans son epaisse barbe, qu'il
a probablement fait couper a San-Francisco. C'est un des deux sans
fusil. Ce roux coquin serait-il devenu voleur de grand che
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