renseignements sur l'etat des
placers. On ne leur dit pas grand chose, car ces hommes paraissaient
tres-mefiants; et, lorsque Donat demanda a l'un d'eux, dans son mauvais
francais:_--C'est pour vous beaucoup grand de l'or dans cette sac?_--
ils semblerent tous faches et le regarderent avec des yeux menacants.
Les premiers de la troupe s'etaient deja remis en route. Le Bruxellois
serra la main au Francais et lui dit adieu.
Pardoes s'approcha de ses amis, qui reprirent egalement leur voyage. Ils
le regarderent, esperant qu'il leur communiquerait quelque chose de ce
qu'il avait appris; mais il hochait la tete avec une inquietude visible
et resta muet.
--As-tu de mauvaises nouvelles, Pardoes, que tu as l'air si serieux?
demanda Jean Creps.
--De mauvaises nouvelles, repondit-il.
--Oui? encore quelque chose de nouveau? murmura Donat. Nous n'avons pas
encore eu de sauvages.
--Et ce sont des sauvages que nous pourrions avoir, dit Pardoes.
--Eh bien, prenez-le comme vous voulez, s'ecria Kwik avec colere, je
donne, pardieu! ma demission de chercheur d'or et je m'en retourne a la
maison. J'ai deja perdu une demi-oreille dans ce pays ensorcele; mais je
ne voudrais pas arriver a Natten-Haesdonck avec ma tete nue et chauve
comme une gamelle.
--Tais-toi donc, Donat, et ecoute si tu veux. Voici, messieurs, ce que
le Francais m'a dit. Entre nous et les placers du Yuba, une nombreuse
bande de sauvages californiens s'est montree. On a recu la nouvelle,
dans les _stores_, qu'elle a attaque, il y a quatre jours, une compagnie
de voyageurs. Les hommes qui viennent de passer ont vu les Californiens
de tres-loin. Le Francais m'a conseille de faire un detour pendant une
heure ou deux vers l'ouest pour eviter ainsi la rencontre des sauvages.
Nous commencerons a suivre ce conseil au pied de cette montagne. Faites
attention et tenez-vous toujours prets a la defense.
Apres qu'ils eurent pris leur direction vers l'ouest et qu'ils furent
remis a peu pres de l'impression de cette mauvaise nouvelle, le
Bruxellois reprit:
--Hors cela, camarades, il y a de bonnes nouvelles des mines. On a
decouvert plus haut, vers la source du Yuba, de nouveaux placers, qui
sont plus riches que ceux qu'on avait trouves jusqu'ici. Le Francais, a
qui j'ai rendu quelques services l'annee passee, m'a donne des
explications precises; et, comme les nouveaux placers sont sur notre
route, je suis d'avis que nous ferions bien d'y tenter la fortune
pendant q
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