ions ca et la sur notre route des cadavres ou des
squelettes pour temoigner de leur etourderie. Ah! vous croyez qu'on va
aux mines comme de Bruxelles a Anvers? Vous en ferez l'experience: Si la
saison etait favorable et si nous etions prets, je remettrais encore
notre voyage, et voici pourquoi: dans peu de jours, trois ou quatre
cents actionnaires de _la Californienne_ partiront pour les placers,
sans argent, sans provisions suffisantes et sans les instruments
necessaires. La faim, le besoin, la misere feront, d'une grande partie
de ces hommes, des voleurs et des meurtriers, car en Californie on ne
connait d'autres lois que la violence, et le plus fort prend au plus
faible ce qu'il desire posseder. Aussi ne me mettrai-je pas en voyage
cette fois sans que nous ayons chacun notre fusil: les revolvers sont
bons pour les luttes dans les placers; mais en voyage, quand on est
attaque quelquefois de tres-loin par des balles, les fusils sont un
moyen de defense indispensable contre tout danger. En attendant, je
m'occuperai de l'acquisition de tout ce qui est necessaire. J'acheterai
la plupart des objets d'occasion; ainsi ils nous couteront moins cher de
moitie. Nous avons besoin de beaucoup de choses: des haches, des beches,
des pioches, des plats, des tamis, des marmites, des couvertures pour
dormir, une toile pour couvrir notre tente, une claie pour laver la
terre aurifere et beaucoup d'autres choses encore.
--Mais quand partirons-nous donc alors, pardieu? grommela Kwik
mecontent.
--Aussitot que le temps sera meilleur et que nous aurons assez d'argent
pour nous procurer le necessaire. Vous n'avez pas encore pu epargner
grand'chose, je crois.
--J'ai quarante-huit dollars! s'ecria Kwik en frappant sur sa poche.
--Oui, mais Creps et Roozeman? demanda le Bruxellois.
--Moi trente.--Moi vingt-quatre, lui repondit-on.
--Vous etes plus riches que je ne le croyais. Il y a un bon moyen
d'augmenter vos dollars. Roozeman a une malle qui est probablement bien
fournie de chemises fines et d'autre linge. Donat a egalement un bon sac
de voyage. Vous me donnerez tout cela et je le vendrai au plus haut
prix. Dans les placers, on ne porte pas de linge; on n'y a qu'une
chemise de flanelle bleue ou rouge et on n'y change jamais de vetements.
Les etoffes de laine seules sont bonnes la-bas, tant contre le froid et
l'humidite que contre la chaleur... Il commence a se faire tard et je
suis fatigue. Donnez-moi maintenant chacun dix dollars
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