ix! ca depend de la position des personnes. Ce qui
serait mal vendu pour une autre, sera heureusement vendu pour _elle_,
qui a grand besoin de sortir du petrin ou son mari l'a laissee!
--Je sais cela, monsieur Bricolin, je sais vos idees la-dessus, et vos
ambitions sur le bout de mon doigt. Vous voulez enfoncer de cinquante
mille francs la dame venderesse, comme disent les gens de loi.
--Non! pas enfoncer du tout! J'ai joue cartes sur table avec elle. Je
lui ai dit ce que valait son bien. Seulement je lui ai dit que je ne
le paierais pas toute sa valeur, et dix mille millions de tonnerres
m'ecrasent si je veux et si je peux monter d'un liard.
--Vous m'avez parle autrement, il n'y a pas encore si longtemps! vous
m'avez dit que vous pouviez le payer son prix, et que s'il fallait
absolument en passer par la....
--Tu radotes! je n'ai jamais dit ca!
--Pardon, excuse! rappelez-vous donc! c'etait a la foire de Cluis, a
preuve que M. Grouard, le maire, etait la.
--Il n'en pourrait pas temoigner, il est mort!
--Mais moi, j'en pourrais lever la main!
--Tu ne le feras pas!
--Ca depend.
--Ca depend de quoi?
--Ca depend de vous.
--Comment ca?
--La conduite qu'on aura avec moi dans votre maison reglera la mienne,
monsieur Bricolin. Je suis las des malhonnetetes de votre dame et des
affronts qu'elle me fait; je sais qu'on m'en tient d'autres en reserve,
qu'il est defendu a votre fille de me parler, de danser avec moi, de
venir voir sa nourrice a mon moulin, et toutes sortes de vexations dont
je ne me plaindrais pas si je les avais meritees, mais que je trouve
insultantes, ne les meritant pas.
--Comment, c'est la tout, Grand-Louis? et un joli cadeau, un billet de
cinq cents francs, par exemple, ne te ferait pas plus de plaisir?
--Non, Monsieur! dit sechement le meunier.
--Tu es un niais, mon garcon. Cinq cents francs dans la poche d'un
honnete homme valent mieux qu'une bourree dans la poussiere. Tu tiens
donc bien a danser avec ma fille?
--J'y tiens pour mon honneur, monsieur Bricolin. J'ai toujours danse la
bourree avec elle devant tout le monde. Personne ne l'a trouve mauvais,
et si je recevais d'elle maintenant l'affront d'un refus, on croirait
aisement ce que trompette deja votre femme, a savoir que je suis un
malhonnete et un malappris. Je ne veux pas etre traite comme ca. C'est a
vous de savoir si vous voulez me facher, oui ou non.
--Danse avec Rose, mon garcon, danse! s'ecria le fermier a
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