lui tout avait ete dans cette date, sur laquelle il avait bati son
systeme et arrange l'avenir de sa fille.
Parmi les personnes auxquelles il avait parle de son projet, il en
etait cependant qui etaient en etat de lui en montrer l'inanite et
l'absurdite.
Comment ne l'avaient-elles pas fait?
Il voulut s'en expliquer avec le president Bonhomme de la Fardouyere.
Il savait comme tout le monde le cas qu'on devait faire des
connaissances et de l'intelligence du president, mais enfin c'etait un
homme du metier.
Le president eut une reponse simple et digne, comme il en avait toujours
d'ailleurs.
--Est-ce qu'un homme comme moi se permet de presenter des objections a
un homme comme vous? sans doute j'ai ete surpris de vous entendre dire
que vous emanciperiez mademoiselle Berengere a dix-huit ans, mais je ne
laisse jamais paraitre ma surprise; d'ailleurs en y reflechissant je
me disais qu'il y avait sans doute accord entre vous et madame la
vicomtesse a propos de cette emancipation, qui s'opererait par la
declaration de la mere; l'usufruit legal au profit des pere ou mere
cessant lorsque l'enfant accomplit ses dix-huit ans, je ne voyais
pas quel interet madame la vicomtesse pouvait avoir a differer cette
emancipation, puisque, d'autre part, elle n'a pas la garde de sa fille.
Un accord entre lui et la vicomtesse, c'etait la assurement ce que
chacun avait pense en l'entendant parler d'emancipation.
Malheureusement cet accord n'existait pas, et il n'etait meme pas
possible, au moins a l'amiable.
Maintenant, il etait bien certain qu'il n'y avait qu'un moyen pour
emanciper Berengere et la soustraire a sa mere, au cas--probable,
d'ailleurs,--ou il mourrait avant qu'elle eut atteint sa majorite.
Ce moyen, c'etait celui que la loi lui mettait sous les yeux chaque fois
qu'il ouvrait le code pour relire le chapitre de l'_Emancipation_. "Le
mineur est emancipe de plein droit par le mariage."
Cela etait clair et precis.
Sur sa fille mariee, la vicomtesse ne pouvait rien, pas plus sur sa
personne que sur sa fortune.
Par le mariage, Berengere etait donc sauvee; mais elle ne pouvait l'etre
que par le mariage.
Il fallait qu'il la mariat.
Et il n'y avait pas de temps a perdre pour faire ce mariage, puisque
d'un jour a l'autre, le lendemain peut-etre, la mort pouvait le frapper.
Il est vrai que pour ce mariage, de meme que pour l'emancipation, le
consentement de la mere etait indispensable, mais on s'arrangerait
|