ait nous faire croire que les
chefs du parti ne l'ont pas lue? C'est par trop invraisemblable, et, si
cela etait _vrai_, ce serait inexcusable. Inexcusable en effet, car
comme chef de parti on est tenu de prendre connaissance de tout ce qui
peut etre utile a un degre quelconque, au parti lui-meme. Et
invraisemblable aussi, car il est difficile d'admettre que l'on ait
ignore, ou a peu pres, une brochure sensationnelle comme celle de Hans
Mueller. Mais j'imagine, combien cette brochure a du etre desagreable aux
muphtis du parti, car, sans se perdre dans des personnalites, l'auteur y
a demontre, avec preuves a l'appui et par des citations empruntees aux
ecrits memes des dits grands dignitaires, combien la social-democratie
s'etait embourgeoisee et avait incline a droite.
Mais voila! Hans Mueller a eu l'infortune d'etre plus perspicace que
Bebel et de decouvrir avant celui-ci les phenomenes, qui, a present, se
manifestent aux yeux de tous.
N'etait-ce pas Bebel qui, a cette epoque, fit remarquer comment les
conditions materielles d'un individu influencent ses opinions? Il fit
cette observation en visant Vollmar qui habite une villa plutot
somptueuse au bord d'un des lacs de Baviere. Mais la meme remarque a ete
faite par d'autres, et avec autant de justesse, a l'egard de Bebel.
* * * * *
Recherchons maintenant les causes de l'infiltration de plus en plus
considerable d'elements petit-bourgeois dans la social-democratie et de
la grande influence qu'ils y exercent.
Le docteur Hans Mueller a ecrit tout un chapitre sur cette question.
Jusqu'aux temps de la loi contre les social-democrates en Allemagne, le
mouvement social-democratique fut un mouvement de classe purement
proletarien avec un caractere nettement revolutionnaire. Les adherents
furent presque exclusivement des ouvriers; les petits patrons, les
paysans et les boutiquiers formaient un nombre insignifiant sans aucune
influence sur le mouvement.
Plus tard un changement complet se produisit. Quelles furent les causes
de ce changement?
Premierement la dependance ou se trouvent les ouvriers salaries, qui
leur rend difficile sinon impossible une activite politique publique. Un
ouvrier salarie par exemple ne peut etre membre du parlement, car son
patron ne lui permettrait pas d'assister aux seances, et peut-on
imaginer d'ailleurs un patron, permettant a un de ses ouvriers de sieger
au parlement comme social-democrate? Il ne faut
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