aissa pas de presser l'assemblee du concile. L'empereur ecrivit au
roi pour le prier de defendre aux eveques de France d'aller a Rome,
declarant qu'il ne leur donnerait point de sauf-conduit, ni par mer,
ni par terre, et qu'il ne serait point responsable des malheurs qui
pourraient leur arriver sur le chemin.
Cependant le cardinal de Palestine assembla a Meaux un grand nombre
d'eveques et d'abbes et leur commanda, en vertu de l'obeissance qu'ils
devaient au pape, de quitter toutes autres affaires et de le suivre a
Rome, afin d'y arriver au temps marque pour le concile. Il les assura
qu'ils trouveraient a l'embouchure du Rhone des vaisseaux tout equipes
pour les transporter par mer, le chemin par terre etant impraticable,
parce que l'empereur etait maitre de tous les passages.
Le roi, apres avoir murement delibere s'il defererait aux prieres de
l'empereur, ou aux instances du legat, resolut de demeurer neutre. Il se
determina a laisser aux eveques la liberte de prendre le parti qu'ils
voudraient. La plupart de ceux qui s'etaient trouves a Meaux, prirent
la resolution d'obeir au pape. Ils se rendirent a Vienne avec le legat;
mais, lorsqu'ils y furent arrives, ils ne trouverent pas ce qu'on leur
avait promis. Il y avait bien a la verite quelques vaisseaux prepares,
mais en si petit nombre et si mal armes, que de s'y embarquer, c'etait
s'exposer au danger d'etre pris par les armateurs de l'empereur, qui
couraient toute la Mediterranee.
Sur cela les archeveques de Tours et de Bourges, l'eveque de Chartres,
et les deputes de plusieurs autres eveques, qui ne voulaient assister au
concile que par procureur, quitterent le legat et s'en retournerent chez
eux; d'autres hasarderent le passage, mais pour leur malheur: car Henri,
fils naturel de l'empereur, les ayant rencontres, les attaqua a la
hauteur de la ville de Pise. Apres quelque resistance, il les obligea de
se rendre, et les envoya dans differentes forteresses de la Pouille pour
y etre etroitement gardes. Quelques prelats d'Angleterre et d'Italie,
qui s'etaient joints aux Francais a Genes, ne furent pas mieux traites.
Cet accident et la mort de Gregoire IX, arrivee sur ces entrefaites,
rompirent toutes les mesures prises pour le concile.
La nouvelle qu'on recut alors de l'emprisonnement des prelats francais
par les armateurs de l'empereur, pensa le brouiller avec la France.
Le roi, ayant appris le traitement qu'on leur avait fait, ecrivit a
Frederic pour se plaindre
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