alestine; Robert, comte
d'Artois; le jeune comte de Bretagne; le comte de la Marche; le comte de
Soissons; Imbert de Beaujeu, connetable de France; Enguerrand de Coucy,
et Archambaud de Bourbon. Chacun affecta de s'y distinguer par la
magnificence des habits et des equipages, et par une nombreuse suite de
gentilshommes.
Tout se passa, au moins en apparence, avec une satisfaction universelle,
et le roi, au sortir de Saumur, mena le nouveau comte de Poitou dans
la capitale de son comte. Le jeune prince y recut les hommages de ses
vassaux, et le roi commanda au comte de la Marche de faire le sien comme
les autres. Il obeit avec beaucoup de repugnance. Il fit hommage pour
son comte de la Marche, et pour les autres domaines qu'il possedait en
Poitou, en Saintonge et en Gatinais.
A cette occasion, la reine Isabelle, sa femme, qui lui inspirait sans
cesse des sentimens de revolte, le fit ressouvenir des engagemens qu'il
avait pris avec le roi d'Angleterre et avec le comte de Toulouse. "Ce
serait une lachete honteuse, disait-elle sans cesse a son mari, que de
se reconnaitre vassal du comte de Poitiers. Le trone n'est pas tellement
affermi dans la maison de Louis, qu'il ne puisse etre ebranle.
L'Angleterre n'attend que le moment favorable pour se faire justice
des usurpations de Philippe-Auguste. L'empereur lui-meme, malgre les
obligations qu'il a aux Francais, les comtes d'Armagnac, de Foix, les
vicomtes de Lomagne et de Narbonne, tout est pret a se declarer contre
_le fils de Blanche_." C'est le nom qu'elle affectait de donner au
monarque. Elle lui persuada enfin de reparer, au moins par quelque
marque de mecontentement, la honteuse demarche qu'il venait de faire.
Apres toutes ces ceremonies, le roi etait parti pour se rendre a Paris,
et avait laisse a Poitiers le comte son frere, qui, n'ignorant pas
les menees du comte de la Marche, dont toute l'application tendait a
soulever la noblesse d'au-dela de la Loire, voulut qu'il lui renouvelat
son hommage. Il l'envoya prier de venir a Poitiers aux fetes de Noel. Le
comte s'y etant rendu, Alphonse lui declara ses intentions. Il repondit
qu'il etait pret a lui donner cette satisfaction, et que des le
lendemain il lui ferait son hommage. Mais ayant rendu compte a sa femme
de ce qu'on lui avait propose, et de ce qu'il avait promis, elle se
moqua de lui, lui disant qu'ayant donne dans un piege qu'il devait avoir
prevu, il n'eut pas du avoir la faiblesse d'engager ainsi sa parole, e
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