is de procedure et fleurant une poudreuse
iniquite. Cette arriere-garde de l'armee des chicanons, qui est aux
juges ce que les apothicaires sont aux medecins, avec cette difference
que leurs instruments sont infiniment moins risibles que des seringues,
ne trouvera aucune pitie devant moi. Et si je brule un peu de sel en
terminant ce recit ou il est parle d'elle, c'est que je n'ai pas de
sucre sous la main.
Or donc, le bon sieur Antenor de Boutensac, baron de son etat et
Francais redevenu quand les emigres rentrerent en France, aux jours
reparateurs de la Restauration, reintegre d'ailleurs en sa terre
seigneuriale de Boutensac, pres Castelnaudary, et y ayant repris la vie
joyeuse de ses nobles aieux, avait pour cette gent une execration tout a
la fois excessive et justifiee. Notre sympathique voyageur, pendant
les orages republicains et les gloires imperiales, avait bien repris
possession complete de ses titres et privileges--au point qu'il
reclamait le droit de jambage avec une obstination exageree a son
age--et le Roi lui avait ecrit une lettre dans laquelle il l'appelait
mon cousin. Mais il avait fort peu de deniers a son service pour
soutenir le train que son rang le forcait de reprendre dans sa province.
Le milliard des emigres ne figurait encore que sur le papier, et ce
mirage a dettes faciles, pour les hobereaux rentres en fonctions
feodales, commencait a perdre un peu de son eclat. Les paysans
relevaient la tete. Ils allaient bien a la messe, pour se faire estimer
des autorites nouvelles; mais ils refusaient de fournir a credit a
leurs bons suzerains. Les bouchers, les charcutiers et les epiciers
eux-memes--les moins insurges des hommes, cependant--refusaient
imperturbablement l'honneur de fournir les chateaux voisins. Ce n'etait
qu'une premiere etape dans la voie de l'impertinence democratique.
Bientot, ceux qui s'etaient laisses aller a fournir des denrees
impayees, pousserent l'audace jusqu'a exiger des reglements, et quand
les billets souscrits vinrent a echeance, ils oserent, perdant tout
respect traditionnel pour la race, confier a des huissiers le soin d'en
assurer le paiement.
C'est la, d'ailleurs, que le bon sieur Antenor de Boutensac les
attendait.
Il se rappela a temps comment ses nobles aieux recevaient les vilains
qui venaient demander de l'argent. Pourvu d'un domestique nombreux, il
fit batonner les hommes de loi qui le tourmentaient pour ces vetilles.
Tous les huissiers du pays connurent bie
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