ltere, dont il prit une joie feroce a lui faire appliquer la plus
severe penalite!
SUR LE TERRAIN
[Illustration: fig27.png]
SUR LE TERRAIN
C'etait musique militaire sur les allees Lafayette, a Toulouse, ou me
voici revenu, une fois encore, pour ouir de jolis contes gascons, comme
la Garonne en roule, dans son flot d'argent, avec le murmure de ses
cailloux. Sous les arbres deja poudreux de la longue promenade qui vient
mourir sur les rives du Canal, la bonne paresse meridionale s'ebattait,
bercee par un de ces...
...concerts riches de cuivre
Dont les soldats parfois inondent nos jardins,
Et qui, par les soirs d'or ou l'on se sent revivre,
Versent quelque heroisme au coeur des citadins.
comme a dit excellemment Baudelaire. Et c'etait merveille de voir
passer, dans le brouhaha des pietons, les belles filles de sang latin,
aux chevelures noires, fieres de toute la blancheur de leur front
et souriantes de toute la blancheur de leurs dents, beaux fruits
ensoleilles, tentateurs surtout aux reves de volupte. Car, en
l'artistique cite ou une admirable composition peinte de Falguiere fera
rayonner bientot le triomphe de Clemence Isaure, est demeure ce qu'il y
avait de meilleur dans l'ame antique: un desir tout paien, violemment
charnel de la Beaute. Aussi reste-t-elle, en ce temps plus epris
d'argent que d'ideal, l'immortelle patrie des statuaires qui vivent
surtout de gloire et en meurent quelquefois.
Comme il convient, les soldats en permission abondaient en cette cohue
au mouvement lent de flux et de reflux sur le sable, mer vivante se
gonflant et s'aplanissant suivant les caprices de l'harmonie. Tels le
fusilier Petoine et le fusilier Tancrede qui marchaient, cote a cote,
en reluquant les jeunesses, et en tortillant, entre leurs doigts, des
badines qu'ils avaient coupees dans un ramier du Bazacle. Car c'est une
innocente manie des militaires de se tailler des cannes partout ou
ils rencontrent un coin de bois; et le Conseil municipal qui siege au
Capitole ne les traite pas pour cela comme notre bien-aime prince de
Sagan.
Et, comme toujours, Petoine et Tancrede causaient des embetements de
la vie du soldat. Tous les deux, fils du peuple, ils se plaignaient
amerement de l'invasion de l'ancienne noblesse dans les rangs de
l'armee, par suite des beautes democratiques du volontariat. Les
regiments etaient maintenant pleins de godelureaux titres qui faisaient
leur tete au nez de l'humble fantassin
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