it souvent entendu parler de cet oncle au commandant.... Mais
elle le croyait mort depuis trois ans a Valparaiso. Il etait meme mort
certainement, puisque le commandant en avait herite cinquante mille
livres de rente, ce qui avait paye toutes ses dettes et lui avait permis
de faire des projets de bonheur avec Henriette, quand il aurait decide
celle-ci a quitter son mari. Le legs n'etait pas encore completement
liquide, mais un notaire du pays lui avait avance deja des sommes
considerables. Il avait d'ailleurs augmente notablement son train de
vie. Il allait etre propre, maintenant! Tout cela etait un cauchemar
horrible. Mais non! C'etait bien l'ecriture de l'oncle et son
authentique signature. Ah! l'enveloppe! bien! emportee dans le jardin
par un coup de vent. La lettre etait datee de Marseille... bon! datee de
1885! Mais l'oncle de la Petardiere etait essentiellement distrait. Il
n'en faisait jamais d'autres! Le commandant etait non seulement ruine
du coup, mais pourvu de dettes pour le reste de ses jours. C'etait un
fameux moment pour se charger de Mme Campistrol! Il le fit comprendre a
celle-ci qui sortit exasperee de la mauvaise foi des hommes et du neant
de leurs protestations d'amour.
Cependant, au second courrier de la journee, M. Campistrol voulut parler
lui-meme au facteur pour s'eclairer un peu. Mais ce n'etait pas encore
Chabirou qui apportait les lettres.
--Toujours malade, alors! dit-il de mauvaise humeur a son remplacant.
Mais celui-ci prit un air mysterieux.
--Malade, non! Nous savons du nouveau, maintenant. Destitue.
--Lui! le modele des facteurs! Et pourquoi cette injustice?
--Parce que son frere, egalement facteur, mais a Marseille, a deshonore
leur nom.
--Par exemple!
--Lisez plutot, monsieur, a la troisieme colonne du journal que je vous
apporte avec votre correspondance.
Et pendant que l'interimaire, la porte fermee, reprenait sa course,
Campistrol chercha et lut:
"Un sieur Chabirou, facteur de son etat, vient de mourir a
Marseille. Bien que cet homme ait toujours joui de l'estime de ses
chefs, on s'apercut qu'il avait derobe, depuis dix ans, un nombre
considerable de lettres. Toutes celles qui ont ete retrouvees chez
lui, et qui ne contenaient pas de valeurs, ont ete retournees, par
les soins de sa famille, a leurs destinataires. Les autres sont
entre les mains de la justice."
Le mystere etait subitement eclairci. La lettre d'Honorine avait
peut-
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