sse. L'avenir
sourit encore a notre affection un instant troublee. Mais je te
ferai oublier, si tu m'en donnes l'exemple en oubliant toi-meme.
"A demain, o toi le seul que j'aie jamais aime!
"Ton epouse repentante,
"HONORINE."
Il regarda le timbre de la poste. Illisible. Le commencement du
millesime seulement, 18--; il etait bien avance! La lettre venait de
Marseille. Honorine l'avait certainement ecrite en abordant. Car c'etait
incontestablement son ecriture. Alors, elle n'etait pas morte, comme on
lui en avait donne la nouvelle! Alors, il etait bigame! Mais de quelle
intrigante, donc, lui avait-on fait payer les funerailles en Amerique?
Quel acte de deces imaginaire lui avait transmis le consul, profitant
lachement de ce qu'il ne savait pas un mot d'anglais? C'etait peut-etre
une note de bottier qu'on lui avait envoyee comme un acte de l'etat
civil. Honorine etait vivante, c'etait clair! Et il allait la revoir. Eh
bien! quoique ce retour compliquat enormement la situation, il en etait
enchante. Ca le debarrasserait d'Henriette. Ce qu'il allait la ficher a
la porte comme une simple concubine! Et sans trainer, encore! Dans cette
affectueuse pensee, rapidement il monta a la chambre conjugale, ou
Henriette dormait encore, dans l'ombre des rideaux tamisant a peine une
vapeur de lumiere.
--Tu sais, ma petite, lui dit-il en la pincant brutalement, tu peux
maintenant me tromper tant que tu voudras.
--Miserable! lui dit-elle en se frottant le bras.
--Ca ne compte pas, car nous ne sommes pas maries.
--Eh bien! tant mieux! fit-elle, sans lui en demander davantage. Adieu
les scrupules et vive la liberte!
Et elle s'en alla trouver le commandant des Houilleres qui lui faisait
depuis longtemps la cour et a qui, bien qu'en eut pense cet animal de
Campistrol, elle n'avait encore donne que des esperances.
--Je vous apporte une bonne nouvelle! lui dit-elle en entrant.
II
Mais le commandant des Houilleres venait de recevoir comme un obus sur
la tete. Elle le trouva positivement hebete, tenant une lettre ouverte
dans sa main. Et comme elle lui demandait, avec anxiete, la cause de
tant d'indifference a leur commun bonheur, il lui tendit le papier, ou
elle lut a son tour:
"Mon cher neveu, puisque vous continuez a mener une vie de
polichinelle, je vous donne avis que je me fais une pure joie de
vous desheriter.
"Votre oncle affectionne,
"DE LA PETARDIERE."
Elle ava
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