ait ainsi en 1660 ce qu'on
appelle aujourd'hui royalisme.)
-- Athos! s'ecria d'Artagnan. Vous ici?
Et les deux amis s'embrasserent.
-- Vous ici! et etant ici, continua le mousquetaire, vous n'etes
pas au milieu de tous les courtisans, mon cher comte? Quoi! vous
le heros de la fete, vous ne chevauchez pas au cote gauche de Sa
Majeste restauree, comme M. Monck chevauche a son cote droit! En
verite, je ne comprends rien a votre caractere ni a celui du
prince qui vous doit tant.
-- Toujours railleur, mon cher d'Artagnan, dit Athos. Ne vous
corrigerez-vous donc jamais de ce vilain defaut?
-- Mais enfin, vous ne faites point partie du cortege?
-- Je ne fais point partie du cortege, parce que je ne l'ai point
voulu.
-- Et pourquoi ne l'avez-vous point voulu?
-- Parce que je ne suis ni envoye, ni ambassadeur, ni representant
du roi de France, et qu'il ne me convient pas de me montrer ainsi
pres d'un autre roi que Dieu ne m'a pas donne pour maitre.
-- Mordioux! vous vous montriez bien pres du roi son pere.
-- C'est autre chose, ami: celui-la allait mourir.
-- Et cependant ce que vous avez fait pour celui-ci...
-- Je l'ai fait parce que je devais le faire. Mais, vous le savez,
je deplore toute ostentation. Que le roi Charles II, qui n'a plus
besoin de moi, me laisse donc maintenant dans mon repos et dans
mon ombre, c'est tout ce que je reclame de lui.
D'Artagnan soupira.
-- Qu'avez-vous? lui dit Athos, on dirait que cet heureux retour
du roi a Londres vous attriste, mon ami, vous qui cependant avez
fait au moins autant que moi pour Sa Majeste.
-- N'est-ce pas, repondit d'Artagnan en riant de son rire gascon,
que j'ai fait aussi beaucoup pour Sa Majeste, sans que l'on s'en
doute?
-- Oh! oui s'ecria Athos; et le roi le sait bien, mon ami.
-- Il le sait, fit amerement le mousquetaire; par ma foi! je ne
m'en doutais pas, et je tachais meme en ce moment de l'oublier.
-- Mais lui, mon ami, n'oubliera point, je vous en reponds.
-- Vous me dites cela pour me consoler un peu, Athos.
-- Et de quoi?
-- Mordioux! de toutes les depenses que j'ai faites. Je me suis
ruine, mon ami, ruine pour la restauration de ce jeune prince qui
vient de passer en cabriolant sur son cheval isabelle.
-- Le roi ne sait pas que vous vous etes ruine, mon ami, mais il
sait qu'il vous doit beaucoup.
-- Cela m'avance-t-il en quelque chose, Athos? dites! car enfin,
je vous rends justice, vous avez noblement travai
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