vers Leon:
--On m'a parle de monsieur votre oncle, dit-il, ou tout au moins j'ai
cru que c'etait de lui qu'il s'agissait.
Leon s'etait rapproche de Madeleine et il lui avait pris la main.
--Que vous a-t-on dit? demanda-t-elle, qu'avez-vous appris? Ou est mon
pere? Courons pres de lui.
Sans lui repondre directement, M. Soullier s'adressa a Leon:
--Ne voyant pas monsieur votre oncle venir, je restai chez moi, tout
d'abord l'attendant, ensuite me disant qu'il avait sans doute renonce a
son projet de peche. Il y a une heure environ, un de mes voisins, qui
avait profite de la grande maree pour aller pecher sur les roches qu'en
appelle iles de Bernieres, vient de me dire qu'un ... accident ... un
malheur etait arrive.
--Mon Dieu! s'ecria Madeleine.
Sans s'adresser a elle, M. Soullier continua vivement, en homme qui a
hate d'achever ce qu'il doit dire:
--Une personne restee en arriere, quand deja tout le monde revenait vers
le rivage, avait ete surprise par la maree montante. Cette personne se
trouvait alors sur un ilot, et c'est la ce qui explique comment elle
n'avait pas senti la mer monter. Mais entre cet ilot et la terre se
trouvait une large fosse qu'il fallait traverser avant qu'elle fut
remplie. Ceux qui virent la situation perilleuse de ce pecheur attarde
pousserent des cris pour lui signaler le danger qu'il courait. Aussitot
le pecheur se dirigea vers cette fosse, mais soit qu'il se fut laisse
tomber dans un trou, soit que la fosse fut deja remplie, il disparut
sans qu'il fut possible de lui porter secours.
--Mon pere, mon pere! s'ecria Madeleine.
--Mon enfant, il n'est nullement prouve que cette personne fut votre
pere ... on ne m'a pas affirme que c'etait lui. Il est vrai que le
signalement qu'on m'a donne se rapportait jusqu'a un certain point a
votre pere; c'est la ce qui m'a inquiete, c'est ce qui m'a fait accourir
ici pour voir....
--Et vous voyez qu'il n'est pas la; oh! mon Dieu!
Elle resta un moment eperdue, affolee; puis, son regard se degageant des
larmes qui emplissaient ses yeux, elle vit devant elle son cousin qui
lui tendait les bras, et elle s'abattit sur son epaule.
VII
Lorsqu'elle sortit enfin de sa longue crise nerveuse, sa premiere parole
fut une priere adressee a son cousin:
--La maree basse aura lieu cette nuit a une heure, dit-elle; tu
m'accompagneras, n'est-ce pas?
Elle ne dit point ou elle voulait aller ni ce qu'elle voulait faire,
mais il n'etait p
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