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ux de l'affectation une seconde nature. Sa grande taille, sa noble figure, quelque chose de chevaleresque repandu dans ses manieres et dans son langage, sa parole heureuse et franche, son activite, son courage et son devouement, tout cela eut suffi pour enflammer la tete du belliqueux Jean, et pour echauffer le coeur du genereux Arsene, quand meme Godefroy n'eut pas emis les idees sociales les plus completes, les plus logiques, je dirai meme les plus philosophiques qui aient pris une forme a cette epoque dans les societes populaires. Ce president, des _Amis du peuple_ a seul professe dans ces clubs ce qu'on peut appeler les doctrines; doctrines qui, a beaucoup d'egards, ne satisfaisaient pas encore le secret instinct d'Arsene et les vastes aspirations de son ame vers l'avenir, mais qui, du moins, marquaient un progres immense, incontestable, sur le liberalisme de la Restauration. Suivant Arsene, et suivant le jugement toujours severe et mefiant du peuple, les autres republicains etaient un peu trop occupes de renverser le pouvoir, et point assez d'asseoir les bases de la republique; lorsqu'ils l'essayaient, c'etait plutot des reglements et une discipline qu'ils imaginaient, que des lois morales et une societe nouvelle. Cavaignac, tout en faisant cette belle opposition qu'il a si largement et si fortement developpee l'annee suivante jusque devant la pale et menteuse opposition de la chambre, s'occupait a murir des idees, a poser des principes. Il songeait a l'emancipation du peuple, a l'education publique gratuite, au libre vote de tous les citoyens, a la modification progressive de la propriete, et il ne renfermait pas, comme certains republicains d'aujourd'hui, ces deux principes nets et vastes dans l'hypocrite question d'_organisation du travail_ et de _reforme electorale_; mots bien elastiques, si l'on n'y prend garde, et dont le sens est susceptible de se resserrer autant que de s'etendre. En 1832, on ne craignait pas comme aujourd'hui de passer pour _communiste_, ce qui est devenu l'epouvantail de toutes les opinions de ce temps-ci. Un jury acquitta Cavaignac, apres qu'il eut dit, entre autres choses d'une admirable hardiesse: "Nous ne contestons pas le droit de propriete. Seulement nous mettons au-dessus celui que la societe conserve, de le regler suivant le plus grand avantage commun." Dans ce meme discours, le plus complet et le plus eleve parmi tous ceux des proces politiques de l'epoque[1], Cavaignac dit encore:
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