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iculations et aux vociferations les plus feroces. Et je compris au milieu de ces cris qu'Allouma s'etait enfuie avec mon berger. Je dus calmer Mohammed et tirer de lui, un a un, des details. Ce fut long, j'appris enfin que depuis huit jours il epiait ma maitresse qui avait des rendez-vous, derriere les bois de cactus voisins ou dans le ravin de lauriers-roses, avec une sorte de vagabond, engage comme berger par mon intendant, a la fin du mois precedent. La nuit derniere, Mohammed l'avait vue sortir sans la voir rentrer; et il repetait, d'un air exaspere. --Parti, moussie, il est parti! Je ne sais pourquoi, mais sa conviction, la conviction de cette fuite avec ce rodeur, etait entree en moi, en une seconde, absolue, irresistible. Cela etait absurde, invraisemblable et certain en vertu de l'irraisonnable qui est la seule logique des femmes. Le coeur serre, une colere dans le sang, je cherchais a me rappeler les traits de cet homme, et je me souvint tout a coup que je l'avais vu, l'autre semaine, debout sur une butte de terre, au milieu de son troupeau, et me regardant. C'etait une sorte de grand bedouin dont la couleur des membres nus se confondait avec celle des haillons, un type de brute barbare aux pommettes saillantes, au nez crochu, au menton fuyant, aux jambes seches, une haute carcasse en guenilles avec des yeux faux de chacal. Je ne doutais point--oui--elle avait fui avec ce gueux. Pourquoi? Parce qu'elle etait Allouma, une fille du sable. Une autre, a Paris, fille du trottoir aurait fui avec mon cocher ou avec un rodeur de barriere. --C'est bon, dis-je a Mohammed. Si elle est partie, tant pis pour elle. J'ai des lettres a ecrire. Laisse-moi seul. Il s'en alla, surpris de mon calme. Moi, je me levai, j'ouvris ma fenetre et je me mis a respirer par grands souffles qui m'entraient au fond de la poitrine, l'air etouffant venu du Sud, car le sirocco soufflait. Puis je pensai: "Mon Dieu, c'est une... une femme, comme bien d'autres. Sait-on... sait-on ce qui les fait agir, ce qui les fait aimer, suivre ou lacher un homme?" Oui, on sait quelquefois--souvent, on ne sait pas. Par moments, on doute? Pourquoi a-t-elle disparu avec cette brute repugnante? Pourquoi? Peut-etre parce que depuis un mois le vent vient du Sud presque regulierement. Cela suffit! un souffle! Sait-elle, savent-elles, le plus souvent, meme les plus fines et les plus compliquees, pourquoi elles agissent? Pas plus qu'une
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